Le 29 avril 2004, M. Sarkozy, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie a rencontré les agents du Centre nucléaire de production d’électricité de Chinon. Son objectif : vendre le changement de statut juridique des entreprises et l’ouverture du capital !
Le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie a souhaité le 29 avril rencontrer les agents du Centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Chinon. Venu vendre « changement de statut juridique » des entreprises et « ouverture du capital », la rencontre avec les organisations syndicales puis les agents du site a pris les allures de show médiatique. Les agents ont assisté à une opération de déminage de la contestation interne, conduite avec force de frappe et professionnalisme. Opération soigneusement préparée en amont avec le syndicat majoritaire
Ce qui, hier, était impossible est apparu comme par enchantement tout à coup réalisable. « Vous tenez au service public, je l’inscrirai dans la loi ! Vous voulez que la part de l’Etat dans EDF reste importante. On peut envisager une participation de 66 %, voire plus. Vous voulez que l’entreprise reste intégrée, elle le sera ! Le RTE sera renommé EDF-Transport et le RTG, GDF-Transport. Ils seront à 100 % publics ! Vous voulez la péréquation tarifaire nationale, vous l’aurez ! Vous voulez la garantie de service aux plus démunis, vous l’avez ! Vous voulez une vision d’avenir des filières de production. J’ai décidé, trois semaines après ma nomination, la mise en route de l’EPR dont EDF sera l’architecte industriel. Vous voulez un débat sur la politique énergétique, j’ai lancé ce débat. Vous êtes attachés au statut des agents, je n’en changerai pas une ligne. Vous tenez à la retraite au bout de 37 ans et demi à 75 % du salaire, elle sera maintenue. Vous craignez de perdre le 1 % pour la CCAS, il sera maintenu. » Et pour convaincre davantage l’auditoire : « vous vouliez des augmentations de salaires, vous en aurez négociées directement avec les entreprises. J’en ai convaincu le président d’EDF. ». Et sur l’insistance des organisations syndicales du site : « vous voulez des garanties pour le statut du personnel prestataire des centrales, nous le ferons ! ».
Mais d’ajouter : « face à l’ouverture du marché, il faut qu’EDF devienne EDF-SA pour faire tomber le principe de spécialité. Il faut aussi ouvrir le capital, l’Etat restant majoritaire à une hauteur à finaliser, pour qu’EDF puisse augmenter ses fonds propres pour se développer et devenir leader européen de l’énergie. Car l’Etat ne peut subvenir aux besoins de financement. Ceci n’est pas négociable ! ». « Vous aussi, salariés, serez actionnaires des entreprises », a cru bon d’ajouter le ministre.
Nicolas Sarkozy a centré le débat sur l’ouverture du capital d’EDF, « non négociable » selon lui. Pour la FCE-CFDT, l’intérêt général a plus à perdre qu’à gagner avec l’ouverture du capital, même accompagnée de toutes ces mesures d’accompagnement alléchantes, dont la légitimité vaut d’ailleurs quel que soit le statut de l’entreprise. Rien ne justifie non plus l’arrivée d’actionnaires privés « pour porter secours » au développement de l’entreprise. La FCE continue à plaider pour une entreprise intégrée, à statut juridique constant, assurant une mission de service public. Elle déplore que le ministre n’ait tracé aucune perspective en dehors du nucléaire, ni en termes d’emploi.