Le 5 décembre 2007, GSK France, 2e filiale du groupe GlaxoSmithKline, faisait part des conséquences en France de la restructuration du groupe annoncée le 24 octobre. Les salariés n’ont pas manqué de se mobiliser afin que les mesures sociales soient à la hauteur des résultats financiers du groupe.
Le 24 octobre 2007, le groupe GlaxoSmithKline, 2e groupe pharmaceutique mondial et 3e en France, avait annoncé un plan d’économie d’un milliard d’euros sur trois ans, en précisant que chacune de ses filiales serait impactée par ces mesures.
LES CONSéQUENCES POUR LA FILIALE FRANCE. C’est le 5 décembre que GSK France, 2e filiale du groupe, informait le Comité central de l’Unité économique et sociale (CCUES) des conséquences en France de cette restructuration. Un plan qui touche toutes les composantes de l’UES.
La Division Activité commerciale et siège, GSK Pharma, regroupe environ 2 500 salariés à Marly-le-Roy en région parisienne. L’activité commerciale, essentiellement constituée de visiteurs médicaux, verra ses effectifs fondre de 15 %, soit environ 250 départs essentiellement sur la base de mesures d’âge. Les réseaux seront réorganisés. Pas de chiffres cependant concernant la diminution des effectifs « siège », mais « une gestion prudente de l’effectif conduira à l’examen minutieux du remplacement des départs naturels ». Les frais de fonctionnement feront eux aussi l’objet d’une gestion « prudente ».
Le site des Ulis, qui héberge une unité de recherche d’environ 100 personnes, devra maîtriser ses frais de fonctionnement. Les investissements programmés ne seront pas remis en cause, notamment la construction d’un nouveau bâtiment.
IMPACT MAJEUR POUR LES SITES INDUSTRIELS. Ce sont les sites industriels de production pharmaceutique, regroupés dans l’entité Glaxo Welcome Production, qui supporteront les conséquences les plus directes pour l’emploi.
La direction, depuis le début de l’année 2007, a annoncé la vente du site d’Hérouville Saint-Clair, dans la banlieue de Caen. Ce site compte environ 250 salariés. C’est Fareva, groupe de façonnage pharmaceutique, qui devrait le reprendre au cours du premier trimestre 2008.
Le site d’Evreux (2 000 salariés) verra la suppression de 100 à 120 postes de CDI. Les effectifs d’emplois précaires, environ 400 à ce jour, seront dans le même temps réduits à 100. C’est donc plus de 400 postes qui à terme seront supprimés. La direction a précisé que ces suppressions de postes seront gérées dans le temps par non-remplacement des départs naturels et mise en œuvre de dispositifs d’accompagnement. Là aussi, les frais de fonctionnement seront sous surveillance.
Le site de Notre-Dame de Bondeville dans la banlieue de Rouen, ancien site Sanofi vendu à GSK lors de la fusion avec Aventis, compte environ 850 salariés en CDI et 300 salariés en CDD. La direction n’annonce pas de suppressions de CDI, mais prévoit le départ de plus de 250 CDD ou intérim. De plus, le site devra réduire ses coûts unitaires de production de 20 % d’ici 2010.
L’EFFECTIF DE MAYENNE DIVISé PAR DEUX. Le site de Mayenne est le plus impacté. Il est d’ailleurs le seul à avoir engagé une procédure Livre IV et Livre III. Ce site de 450 salariés est divisé en deux entités. L’une, Terras 1, est dédiée à des fabrications pharmaceutiques sèches. La direction a annoncé l’arrêt des productions de deux produits majeurs sur cette unité, au plus tôt en juin 2009. L’autre, Terras 2, est dédiée à la fabrication d’antibiotiques. Elle devrait recevoir la fabrication de pénicillines de Mexico City. La structure cible pour le site de Mayenne pour 2010 est de 232 salariés permanents. La direction, lors d’assemblées générales (AG), a annoncé aux salariés la suppression de 173 emplois, la création de 11 postes et la vente de l’unité de Terras 1.
Depuis le 6 décembre 2007, les salariés du site de Mayenne, désabusés et déstabilisés, se sont mobilisés sous l’impulsion de la CFDT, autour de trois revendications : le maintien de l’emploi sur le site de Mayenne et le bassin d’emplois mayennais, le refus des licenciements secs, la définition de mesures d’accompagnement, et une compensation financière de la réorganisation.
Réunis en AG, le 10 décembre, ils ont décidé d’organiser un débrayage de 1 h 30 par équipe dès le lendemain. Les rassemblements des 11 et 12 décembre ont permis à plus de 250 salariés d’exprimer leur colère, leur frustration et leur crainte de l’avenir. Les négociations entamées dès le 12 décembre ont permis de présenter aux salariés, à l’AG du 13 décembre, les avancés significatives obtenues : recherche d’un repreneur pour l’unité de Terras 1 dès janvier 2008 sous réserve de l’accord du CCUES, mise en place d’un Espace Information Conseil le plus tôt possible, démarrage le 4 janvier 2008 de la négociation d’une prime pour accompagner la réorganisation annoncée, pas de retenue sur salaire des heures de débrayage. A la fin de vifs et constructifs échanges avec l’ensemble des participants (363 présents), les salariés se sont exprimés à 71 % par vote à bulletins secrets pour la reprise du travail.
La CFDT s’interroge sur le bien-fondé économique et industriel de cette restructuration. L’expertise, confiée au Cabinet Syndex, devrait permettre d’apporter un éclairage plus précis. En ce début d’année, les militants CFDT sont mobilisés afin que les mesures sociales soient à la hauteur des résultats financiers du 2e groupe pharmaceutique mondial.