La pilule est amère dans le secteur de la pharmacie qui n’est pas directement concerné par la crise mondiale, contrairement à de nombreux secteurs industriels. Alors que les laboratoires annoncent des résultats comparables à ceux des années précédentes, chaque semaine réserve son lot de suppressions d’emplois, de fermetures de sites ou de fusions. Les délégués syndicaux centraux (DSC) de la branche, réunis à la fédération le 18 mars dernier, ont pu mettre des faits derrière ce concept furieusement moderne de « changement de modèle économique » mais tristement classique dans sa mise en œuvre.
D’ailleurs, les salariés et leurs organisations ne s’y trompent pas, leurs réactions changent. Chez Pfizer, n°1 mondial qui vient d’annoncer le rachat de Wyeth pour 48 milliards de dollars, les salariés de l’usine d’Amboise se sont mis en grève pour obtenir une augmentation de salaires. Chez BMS qui réalise plus de 5 milliards de dollars de résultat net, l’annonce de la fermeture des deux sites de production de Meymac et d’Epernon a provoqué une grève particulièrement longue de plus d’un mois afin d’obtenir des conditions de départ à la hauteur des moyens d’un des leaders de la pharmacie. Chez GSK à Evreux, où 790 postes doivent être supprimés dans le cadre d’une réorganisation mondiale, les salariés se sont mis en grève pendant dix jours afin que soient prises en comp te les souffrances engendrées par ces réorganisations. Ces mobilisations inhabituelles ne doivent pas faire oublier les conséquences sur l’emploi de réorganisations en cours chez AstraZeneca, San ofi-Aventis, Boiron, Alliance Healthcare. Chez RTB Pharma, ex Cerp-Lorraine, la situation est particulièrement préoccupante, l’avenir de la société est entre les mains des banques, sans que la représentation du personnel obtienne la moindre information.
Dans le même temps, les équipes CFDT d’entreprise s’adaptent aux nouvelles règles de la représentativité. Dans la plupart des cas, ce changement n’a pas d’incidence sur la représentativ ité voire a permis une mobilisation du collectif permettant de dépasser le seuil de 10 % qui semblait inaccessible, comme chez OCP Marseille ou Ethi con. Toutefois, quelques collectifs n’ont pas atteint ce seuil. La discussion a permis d’établir la nécessaire coopération de la section, de la liaison, du syndicat et de la branche.