Début 2015, Servier décidait de regrouper ses réseaux de visite médicale constituant différentes entités sous une seule : Servier France. La raison évoquée était de réunir la force de vente éparpillée pour en faciliter la gestion et mieux gérer l’évolution des salariés.

Or, le 26 novembre dernier, le groupe annonçait la suppression de 610 emplois sur 690 impactant des visiteurs médicaux et des fonctions supports. Les postes, qui vont être supprimés, sont majoritairement occupés par des femmes, mais aussi par des couples. Coïncidence ou acte délibéré, cette annonce au moment d’une actualité chargée n’a pas attiré le projecteur sur l’entreprise.

Certes, l’affaire Mediator a écorné l’image de Servier et a peut-être eu un impact sur son chiffre d’affaires en France. Mais est-ce une raison suffisante pour décimer tout son réseau de visite médicale ? Il est vrai que le métier des visiteurs médicaux change. Il faut anticiper et former les salariés pour les aider à évoluer vers d’autres métiers et les maintenir dans l’emploi. La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences est un outil que Servier ne semble pas connaître. L’anticipation, ce n’est pas organiser le futur licenciement en regroupant les salariés sous une même entité pour couper la branche plus facilement.

Pour mémoire, en 2014, Servier avait annoncé aux salariés un plan « Renaissance », avec des garanties sur leur avenir. Ces salariés y croyaient, ils avaient tous confiance! Aujourd’hui, ils ont le sentiment d’avoir été trahis. A la place de la joie des fêtes de fin d’année, plus de 600 familles plongées dans l’incertitude de leur avenir ont vécu dans l’angoisse et la colère. Le cadeau que Servier fait à ses salariés, dont certains travaillent depuis plus de 30 ans pour l’entreprise, est une véritable bombe ! 

L’envoi du message de vœux de la direction aux futurs licenciés, leur souhaitant « l’espérance d’un avenir rassurant pour 2016 », a profondément choqué.