Le 16 janvier dernier, des milliers de militants et d’adhérents de la CFDT se sont mobilisés dans toute la France contre la pénibilité au travail. Partout, nombre d’initiatives, souvent reprises dans la presse régionale, ont rendu visible la revendication de la CFDT, à savoir la reprise de la négociation actuellement bloquée par l’obstination du patronat. A Reims, le meeting interrégional a rassemblé près de 2 400 militants et adhérents des régions Bourgogne, Champagne-Ardennes, Île-de-France, Lorraine, Nord Pas-de-Calais, et Picardie. François Chérèque y a donné le ton en réaffirmant notre volonté de préserver « ce qui touche l’homme au travail dans ce qu’il a de plus précieux : sa santé ».

Et l’enjeu est de taille. Car avec 9 000 morts par an, la France est malheureusement championne d’Europe des accidents du travail et des maladies professionnelles. Le coût induit devient exorbitant. Rien que pour l’amiante, il atteindra sur vingt ans entre 27 et 37 milliards d’euros ! Les témoignages des militants, qu’ils soient issus de centres d’appels téléphoniques, des hôpitaux, des secteurs agroalimentaire ou métallurgique, sont éloquents : course au rendement, pressions quotidiennes, intensification du travail, polyvalence et précarisation accrues, postes de travail inadaptés, horaires décalés, augmentation des troubles musculo-squelettiques, bruits ou chaleur élevés, etc.

Vincent Fenaert nous explique l’action de la CFDT pour l’amélioration des conditions de travail chez Arc International dans le Nord (branche Verre). Il s’inquiète notamment du nombre anormalement élevé de suicides et de l’âge moyen (relativement jeune) de décès chez les salariés. Marcel Nicolaus, lui, organise la défense des victimes de l’amiante chez Carling en Lorraine (branche Chimie). Face à la détresse des anciens salariés touchés ou à celle de leur conjoint, son action rencontre de plus en plus d’écho. 330 de ces anciens salariés sont, depuis, devenus adhérents à la CFDT. Tous ces témoignages montrent que, pour de plus en plus de salariés, le travail devient insoutenable. Que le risque d’isolement existe bien. Et que le sentiment d’un travail mal fait peut parfois conduire à la perte de l’estime de soi, voire au suicide.

Pour la CFDT, l’objectif premier est de permettre à tout salarié de partir en retraite quand il le souhaite et en bonne santé. Pour cela, des mesures de prévention et d’amélioration des conditions de travail doivent être développées. Incitatif pour les entreprises et les administrations, un système de bonus/ malus, valorisant les bonnes pratiques et sanctionnant les mauvaises, pourrait être instauré. « À quand les radars automatiques et les retraits de permis pour les patrons chauffards ? », a lancé François Chérèque. Mais il s’agit aussi de corriger une injustice sociale : l’écart d’espérance de vie (l’un des plus grands d’Europe) entre ouvriers et cadres. Il est aujourd’hui de 8 ans ! Pour le salarié qui a subi des nuisances tout au long de sa carrière, la CFDT exige une réparation à la hauteur des préjudices subis : une cessation anticipée d’activité, proportionnelle à la pénibilité. Et cette réparation, c’est à l’entreprise de l’assumer.

Depuis plusieurs années, la FCE-CFDT centre son action sur l’emploi et le travail de qualité. Elle continuera. Il n’y a pas de valeur travail sans emplois de qualité. Il n’y a pas d’entreprises dynamiques sans salariés respectés et motivés. Il n’y a pas d’économie ni de sociétés prospères sans salariés en bonne santé. Au patronat de prendre toutes ses responsabilités…