Le 27 mai, les électriciens et les gaziers manifestaient contre le projet de loi portant notamment sur le changement de statut juridique d’EDF et de Gaz de France. Cette journée a été le point culminant des actions entreprises depuis le 20 janvier dernier. Elle a démontré sans conteste la motivation des manifestants et leur détermination pour les semaines à venir. Récit.
Les plus courageux sont arrivés, pour beaucoup de loin, vers 6 heures du matin, place de la Nation, pour prendre possession des lieux, installer les sonos, gonfler les ballons et préparer les sandwichs. Ambiance bonne enfant pour accueillir les premiers manifestants. La place se remplit peu à peu. Embrassades, joie de se retrouver. « Les manifs, c’est super pour cela : nous retrouvons des collègues que nous n’avons pas vus depuis longtemps ! »
Soudain, des mouvements parmi les manifestants. C’est François Chérèque, le secrétaire général de la confédération, qui vient saluer les manifestants et les assurer du soutien de la confédération.
Il est pris à partie, gentiment. Ses dernières prises de positions sur EDF et Gaz de France ont été appréciées. Les militants s’en réjouissent et le lui disent.
Les manifestants le rappellent, ils ne sont pas là par idéologie, mais bien parce qu’ils sont convaincus que leur combat est juste. Les agents qui sont dans la rue ne manifestent pas pour leur statut, mais pour prouver leur attachement à leur entreprise de service public. « Nous ne voulons pas que demain, les Français paient plus cher leur facture d’électricité et de gaz. » Les agents préviennent. « Attention aux prochaines tempêtes ! Les clients attendront beaucoup plus longtemps avant d’être dépannés. Mais il faudra leur dire que ce n’est pas la faute des agents, mais des choix des entreprises qui n’auront plus assez de personnel ni de matériel. Tout cela à cause d’économies à court terme. » D’autres, les larmes aux yeux, disent que ce processus est déjà en marche. Les choix de la direction EDF GDF Services, en termes d’organisation, ont déjà pour conséquence d’augmenter les délais d’intervention.
Les passants ne s’y trompent pas. Certains sont acquis à la cause des manifestants. D’autres déclarent manquer d’informations pour juger. Mais après des explications, ils sont sensibles aux arguments. Des parallèles avec de grandes entreprises, comme France Télécom, Alsthom ou Air France, sont des exemples qui ne laissent pas insensibles. Les desseins du gouvernement ne semblent plus alors aussi idylliques que ce que voudrait nous faire croire le ministre d’Etat.
Telle était la motivation des représentants de la FGTE, Fédération des transports et de l’équipement, pour soutenir les électriciens et les gaziers, « Nos collègues CFDT avant tout ». Les similarités avec une grande entreprise comme la SNCF sont évidentes. « Nous avons connu la séparation des activités de transport avec la création de RFF, le Réseau ferré français. Des pans entiers de notre entreprise sont isolés pour mieux préparer leur privatisation. Ce qui fait mal, c’est que le sigle SNCF est de moins en moins utilisé. Votre combat, c’est le nôtre ! »
Les retraités aussi étaient concernés. « Nous avons fait de ces entreprises ce qu’elles sont aujourd’hui. Nous y avons cru, nous y croyons toujours. Mais qu’en font-ils maintenant ? Même si nous sommes inactifs, nous sommes toujours dans l’entreprise ! Nous sommes là pour défendre une certaine idée du service public. »
Les slogans scandés sont précis. Les électriciens et les gaziers refusent la privatisation d’EDF et de Gaz de France. Ils sont déterminés à se mobiliser encore et toujours, jusqu’à obtenir le retrait du projet de loi. D’ailleurs, à la fin de la manifestation, tous étaient derrière leur secrétaire fédérale, Mireille Toux, pour rappeler leur obstination. « Nous ne voulons pas de ce projet de loi ! » Et tous, au moment de se quitter, se sont jurés de rester unis, nombreux et déterminés. Résolument, ils se tournaient déjà vers les prochaines étapes qui sauront montrer leur détermination.
