C’est donc la première fois… la première fois que les cadres représentent la plus grande part des salariés en France.
L’INSEE a récemment publié des chiffres présentants une inversion des courbes qui montrent que les employés sont désormais moins nombreux aujourd’hui que les cadres.
Cet évènement, s’il peut paraître surprenant pour certains découle pourtant de plusieurs facteurs :
– La désindustrialisation progressive de la France depuis 30 ans qui a eu pour conséquence de voir ses emplois les moins qualifiés diminuer considérablement au cours des dernières décennies et ce, malgré quelques politiques parfois très volontaristes pour lutter contre ce phénomène et encourager aussi bien les entreprises à se réimplanter en France qu’à embaucher (apprentissage, aides à l’embauche, publicité,…).
– L’émergence depuis les années 80/90 du numérique. L’évolution des solutions en téléphonie, informatique et désormais intelligence artificielle a provoqué un boom des métiers liés à ces différents environnements. Métiers à fort besoins de qualification/formation, cela amène sur le marché du travail de plus en plus de jeunes salariés au parcours scolaire plus poussé leur ouvrant en priorité des emplois cadres.
– La compression des effectifs durant les dernières années a aussi amenée une réorganisation des tâches dans les entreprises en favorisant la multiplication des « missions complémentaires » des cadres qui, par obligation, se sont retrouvés à récupérer en plus de leur travail habituel, une partie des tâches précédemment sous la responsabilité des employés de leurs services ou de leurs collègues non cadres. Cette situation a donc favorisé la compression des effectifs non cadres tout en élargissant (parfois) l’effectif cadres, qu’ils soient encadrants ou non !
– La prolifération des normes et règles du travail favorisant un élargissement du temps de travail pour les cadres alors que les autres salariés restent encadrés par les 35 heures : télétravail, travail à distance, forfait jours,…
La CFDT, 1ère organisation syndicale chez les cadres se doit désormais de réfléchir et d’agir au mieux des attentes et préoccupations de cette population de salariés pour qui l’engagement syndical comme l’appartenance à une organisation prend un sens souvent bien différent de ceux des autres salariés de l’entreprise.
Les enjeux sont multiples pour développer notre syndicalisme d’adhérents au sein des cadres en sachant faire évoluer nos pratiques pour mieux les écouter, les aider à s’exprimer, répondre à leurs attentes nombreuses et variées et favoriser leur adhésion à nos idées mais aussi en leur donnant le sens de l’intérêt de cotiser.
La grande enquête sur l’engagement lancée par la CFDT est ainsi un outil essentiel pour sortir de leurs expressions des pistes de travail et de réflexion qui devront toujours respecter l’équilibre fragile qui fait notre force à la CFDT : proposer des actions, des visions, des orientations permettant de répondre aux attentes des cadres, leur ouvrant un épanouissement indispensable à leur équilibre pro/perso, favorisant le développement économique des entreprises et faisant de la CFDT, le syndicat de référence dans l’accompagnement à la modernité de penser et d’agir.
Pour chaque section syndicale, ce double enjeu d’implantation et de développement chez les cadres est aussi crucial à l’aube d’un nouveau cycle électoral. Ne pas disposer de cadres dans ses adhérents et/ou ses militants, c’est prendre le risque de perdre sa représentativité, c’est manquer de relais nécessaires au sein des entreprises et c’est oublier que la CFDT est le syndicat de TOUS les salariés.
