D’un côté, le projet de loi relatif au changement de statut d’EDF et de Gaz de France est transmis au Conseil d’Etat et de l’autre, Gaz de France devrait commander un méthanier aux chantiers Alstom Marine de Saint-Nazaire. Où est la cohérence de la politique industrielle gouvernementale ?
La FCE-CFDT s’interroge sur la cohérence de la politique industrielle gouvernementale. Le jour même où la FCE-CFDT apprend que le projet de loi relatif au changement de statut d’EDF et de Gaz de France a été transmis au Conseil d’Etat, elle apprend aussi que Gaz de France devrait commander un deuxième méthanier de 153 000 tonnes aux chantiers Alstom Marine de Saint-Nazaire.
Ces deux informations, en apparence indépendantes, révèlent la schizophrénie du gouvernement en termes de politique industrielle. Car elles relèvent de conceptions diamétralement opposées. D’un côté, le lancement du processus de privatisation d’EDF et de Gaz de France résulte de choix libéraux. De l’autre, la commande probable d’un méthanier atteste d’une politique interventionniste de l’Etat et apporte une bouffée d’oxygène aux chantiers menacés d’asphyxie.
EDF et Gaz de France constituent des leviers importants pour orienter et agir sur la filière énergétique française. Depuis leur création, ces deux entreprises ont permis le développement de champions nationaux dans le domaine de l’énergie. Qu’en serait-il aujourd’hui de la filière nucléaire et d’Areva sans EDF ? Où seraient les salariés des chantiers navals et des fabricants de chaudières sans Gaz de France ?
Demain, la privatisation de ces deux établissements privera les pouvoirs publics de moyens d’action essentiels au développement et à la structuration de la filière énergétique française. La logique financière des actionnaires guidera les choix des entreprises vers la plus forte rentabilité, sans souci de la collectivité. Car quelle importance a la responsabilité sociale de l’entreprise face aux dividendes ? Demain, les chaudières nucléaires resteront-elles européennes, ou les bas prix du sud-est asiatique attireront-ils EDF ? Demain, les méthaniers ne seront ni français, ni européens, mais coréens ou chinois, car moins chers. Des pans entiers du secteur industriel de l’énergie disparaîtront et, avec eux, l’indépendance énergétique, certes relative, mais qui permet des choix environnementaux. Enfin, l’emploi sera le grand perdant de ce choix libéral.
Ces éléments ne peuvent que renforcer la FCE-CFDT dans son opposition au changement de statut juridique d’EDF et de Gaz de France, qui mettrait aussi en péril l’avenir d’autres entreprises.
Le 8 avril, les électriciens et les gaziers, en réponse à la provocation du gouvernement, se sont très fortement mobilisés pour le retrait du projet de loi déposé au Conseil d’Etat sur le changement de statut juridique d’EDF et de Gaz de France. Selon les chiffres qui nous sont parvenus des régions, plus de 75 % des agents, sur l’effectif présent, se sont mis en grève pour alerter la population des mauvais coups qui se préparent. Car les dangers majeurs du projet de loi sont la remise en cause de la péréquation tarifaire nationale, de la continuité d’approvisionnement, de la solidarité vers les plus démunis, et de l’obligation de desserte.
Les tentatives du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie pour démobiliser les électriciens et les gaziers sont restées vaines. Au contraire, par leur forte mobilisation, ils ont su montrer leur attachement au service public de l’énergie.
La presse s’est largement fait l’écho de coupures de l’éclairage public dans le nord de la France et de foyers ayant été privés de fourniture de gaz à Nanterre. La FCE-CFDT condamne fermement ces coupures sauvages, qu’elles soient initiées par des agents ou organisées par les directions. Chaque coupure sera un prétexte supplémentaire aux plus libéraux de ce gouvernement, d’accélérer le processus de privatisation. « Pour défendre le service public, il ne faut pas priver le public du service », tel est le leitmotiv de la FCE-CFDT.
La FCE-CFDT salue le professionnalisme et le sens des responsabilités des agents en grève qui ont garanti la fourniture d’électricité et de gaz aux citoyens et ont assuré la sécurité des installations.
Le 22 avril sera la prochaine étape de mobilisation que la FCE-CFDT souhaite ouverte et originale. Chaque section syndicale CFDT des industries électrique et gazière a reçu, dès le 9 avril, une carte électronique disant son refus au projet de loi. Cette e-carte est à renvoyer le 22 avril au Premier ministre, au ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie et au ministre délégué à l’Industrie. Pour que cette mobilisation soit massive, chacun pourra la transmettre à la totalité de son carnet d’adresses électronique pour que tous la renvoient au gouvernement.