En faisant travailler les membres de la commission Roulet à la demande du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie sur les besoins financiers et la stratégie industrielle d’EDF, le gouvernement a pris le risque de fragiliser encore plus cette entreprise au regard du monde concurrentiel qui l’entoure. La FCE-CFDT a indiqué au ministre son opposition totale au financement de la stratégie industrielle d’EDF par l’augmentation du capital.
Le rapport qui vient d’être remis au ministre par le président Roulet, au nom des membres de la commission du même nom, consigne l’orientation stratégique industrielle du groupe EDF pour les prochaines années. Depuis plusieurs années, la FCE-CFDT réclame la tenue d’une table ronde publique sur les projets sociaux, sociétaux et industriels d’EDF et de Gaz de France. Bien qu’un débat public sur la politique énergétique ait été organisé, il a été tronqué puisque les conclusions étaient connues avant même qu’il ne débute, notamment en matière de choix de moyens de production.
Sur le projet industriel
Sur le projet industriel, la FCE-CFDT s’inscrit sans hésitation pour une stratégie européenne recentrée et un développement industriel ciblé à l’international. La fédération soutient l’idée que le groupe EDF ne peut et ne doit pas réduire son champ d’activité au seul périmètre franco-allemand. En d’autres termes, dans l’alternative proposée par EDF entre un projet ambitieux et un projet de repli, la FCE-CFDT soutient un projet ambitieux.
Cette stratégie européenne et internationale aura l’appui de la CFDT si elle amène EDF à réaliser des acquisitions dans un degré raisonnable, et si elle ne conduit pas le groupe à produire du dumping social dans ses filiales étrangères et envers ses sous-traitants, surtout au moment où le groupe est en passe de conclure avec les organisations syndicales un accord sur la responsabilité sociale des entreprises.
Sur le financement du groupe
Sur le financement du groupe, avant toute chose, pour la FCE-CFDT, la commission Roulet aurait dû être l’occasion d’une remise à zéro des compteurs. Or, elle a affiché une montagne d’obligations et d’enjeux avec pour seul objectif : montrer qu’EDF doit aller chercher de l’argent pour se développer et vivre. Mais cet argent, d’où doit-il provenir ?
Son besoin est énorme aujourd’hui car son actionnaire unique, l’État, n’a pas voulu anticiper les évolutions des règles européennes, pourtant connues de longue date.
De plus, l’État a pénalisé l’entreprise en ponctionnant ses finances, en imposant une politique tarifaire obéissant plus à des échéances électorales qu’à une bonne gestion d’un groupe industriel.
Enfin, et pour la fédération c’est le plus grave, cette politique de baisse des tarifs à euro constant était à chaque fois décidée envers et contre les contrats de plan et de gestion signés entre EDF et le gouvernement.
En tant qu’actionnaire unique, l’État n’a pas assumé ses responsabilités puisque l’entreprise n’a pas été recapitalisée depuis 1982 et ce ne sont pas les 500 millions d’euros promis par le ministre, qui vont inverser cette tendance dénoncée depuis longtemps par la FCE-CFDT.
Enfin, la fédération avait soulevé en son temps des interrogations sur des investissements qui se sont révélés par la suite hasardeux, et qui, encore aujourd’hui, tirent le groupe vers le bas.
L’État doit assumer ses responsabilités
La FCE-CFDT estime que l’État doit assumer ses responsabilités. Avec les salariés, elle s’est opposée au changement de statut. Elle a depuis plus de 4 ans alerté sur la situation financièrement inconfortable et socialement dramatique, dans laquelle se débat le groupe EDF aujourd’hui.
En initiant la commission Roulet, le ministre a pris le risque de fragiliser encore un peu plus l’entreprise en la mettant à nu, car les fuites d’informations dans la presse nationale et internationale ne sont pas de nature à ramener la sérénité, pourtant indispensable à ce groupe.
L’État a l’obligation de résultat pour le groupe EDF et doit lui donner les moyens de son développement stratégique. L’État doit prendre ses responsabilités devant le personnel et les citoyens français.
La CFDT ne saurait accepter que l’État saisisse l’opportunité de cette commission et de ce rapport pour ne répondre qu’à des exigences budgétaires, notamment dictées par la Communauté européenne.