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Développement Marcel, combattant solidaire

Il a eu les honneurs de la presse confédérale*. Et pourtant Marcel Nicolaus ne recherche pas forcément la notoriété pour lui-même. Mais son combat syndical, exemplaire, au côté des victimes de l’amiante et de leurs familles, ne laisse personne indifférent. La FCE-CFDT a voulu mieux connaître les motivations de ce militant du Syndicat Chimie énergie de Lorraine.

Il a eu les honneurs de la presse confédérale*. Et pourtant Marcel Nicolaus ne recherche pas forcément la notoriété pour lui-même. Mais son combat syndical, exemplaire, au côté des victimes de l’amiante et de leurs familles, ne laisse personne indifférent. La FCE-CFDT a voulu mieux connaître les motivations de ce militant du Syndicat Chimie énergie de Lorraine.

Sur le site d’Atofina de Carling-Saint-Avold en Moselle, tous les salariés connaissent Marcel Nicolaus. Quand on le rencontre pour la première fois, ce qui frappe chez lui, c’est sa force tranquille. Derrière le physique tout en rondeur de cet homme de 57 ans se dégage une assurance sereine. Pas de doute, on a affaire à quelqu’un qui sait ce qu’il veut.

Ce trait de caractère, il l’a fait valoir très tôt. Encore au collège, il a répondu positivement à la sollicitation d’Atofina. A cette époque fertile en propositions d’embauche, l’entreprise débauchait les élèves qui étaient en option chimie avec la promesse d’une possibilité de passage en maîtrise. Marcel a dit chiche. « Après la journée de travail, il fallait repartir en cours du soir pour apprendre, mais c’était un passage obligé pour réussir. » Echelon par échelon, formation après formation, il a terminé sa carrière professionnelle au poste de chef de fabrication responsable de trois stations de traitement des eaux.

Insatiable, Marcel a trouvé le temps de s’investir au Crédit mutuel lorrain. Administrateur de la première heure, il a vécu les évolutions de cette institution bancaire. « A l’origine du Crédit mutuel, il y avait la solidarité. Je me rappelle par exemple de la décision de financer la construction de fours à pain pour aider les démunis à manger. Impensable aujourd’hui d’imaginer ce type de mise en œuvre. »

La solidarité, c’est le carburant de Marcel. Et pas uniquement sur le principe. Un exemple. Quand on demande à Marcel s’il a des enfants, sa réponse étonne : « J’en ai trois… plus un », dit-il. Et d’expliquer : « Un jour, juste après le repas, je surprends mon fils en train de prendre des victuailles dans le frigo pour les porter à un jeune qui avait trouvé refuge dans une cabane dans les marais avoisinants. Avec ses copains, à tour de rôle, ils lui portaient à manger. J’ai demandé à mon fils d’aller le chercher et après un échange avec lui, en accord avec mon épouse, je lui ai ouvert notre maison. ». A partir de là, avec l’aide des siens, Marcel a mis toute son énergie et sa détermination pour aider ce jeune à se reconstruire. Avec succès. « Il est maintenant intégré et a un travail. Aujourd’hui, je le considère comme mon fils », précise Marcel avec une pointe de fierté dans la voix.

Dans une société lestée d’exclusion et d’indifférence, cette histoire humaine est remarquable. Comme l’est tout autant l’engagement militant sur le tard de ce Mosellan pur jus.

Etre adhérent à la CFDT n’a jamais fait de doute dans l’esprit de Marcel. « Dans les mois qui ont suivi mon embauche, j’ai adhéré à la CFDT par conviction de l’utilité du syndicalisme et par aversion des thèses communistes. » Mais il a fait le choix de ne pas s’investir syndicalement pendant son activité professionnelle. « Je n’aime pas faire les choses à moitié, c’est ma nature et je me suis concentré sur mon travail. » Et effectivement, depuis que la CFDT lui a confié l’animation de la section Retraités d’Atofina Carling-Saint-Avold, Marcel ne fait pas les choses à moitié. « J’ai bénéficié d’un départ en préretraite du fait de mon exposition à l’amiante pendant 18 ans. Le collègue responsable CFDT m’a expliqué que beaucoup de personnes étaient concernées par des problèmes liés à l’amiante. » Il n’en fallait pas plus pour décider notre homme à enfiler le costume de militant sur ce sujet difficile. Fidèle à sa méthode, Marcel a commencé à se former. Après un an de compagnonnage auprès de militants CFDT des charbonnages lorrains, confirmés sur le dossier de l’amiante, il s’est mis au boulot de façon autonome. Après trois ans et la prise en charge de plus d’une centaine de collègues, Marcel a atteint et même dépassé le double objectif qu’il s’était fixé : se rendre utile en aidant ses collègues à être indemnisés et dynamiser le collectif CFDT qu’il anime en doublant le nombre de ses adhérents.

Mais pour Marcel, avec plus de 250 salariés concernés à ce jour, dont 20 sont décédés suite à leur exposition au poison qu’est l’amiante, pas question de s’arrêter là. « J’ai pu réfléchir à ce qu’il fallait pour amplifier la démarche et répondre à plus de collègues : augmenter les permanences, gérer les moyens, améliorer la communication. »

Cet infatigable combattant de la solidarité, qui sait personnellement ce que c’est de se battre contre la maladie, a été formé aux défis pendant son activité. « J’ai une philosophie pour avancer : a priori, rien n’est impossible. J’ai aussi fait mienne cette petite phrase : Tout le monde disait que c’était impossible, est venu un imbécile qui ne le savait pas et il a réussi. »

Et des défis, il en a en tête : éditer le livre blanc sur les méfaits de l’amiante (voir encadré), et démultiplier la prise en charge partout en France en formant les militants motivés pour prendre en charge ce dossier. Il a d’ailleurs intégré le groupe amiante confédéral et commencé la démultiplication sur une usine proche de Béthune.

A cette question, il répond simplement : « Le travail pour les autres m’aide, car il me donne la force de dépasser mes propres problèmes de santé. Dans ma conception de l’existence, je considère que tu n’existes plus si tu ne rends plus service aux autres. ». Une conception partagée par Marie-France, son épouse. « Elle soutient complètement mon investissement auprès des autres. Fille de mineur, elle sait ce qu’est une famille meurtrie par les conséquences d’une maladie professionnelle et l’importance d’une aide extérieure pour affronter les méandres administratifs et judiciaires. Pour elle, s’il y avait eu à l’époque un Marcel aux côtés de sa famille, ça aurait changé beaucoup de choses. »

De toute façon, Marcel ne conçoit pas du tout la retraite sous l’angle du jardinage ou du bricolage. « A mon départ en retraite, mes collègues voulaient m’offrir un VTT… Tu me vois sur un VTT ? », interroge Marcel en riant. « Je leur ai demandé de m’offrir un zébu à la place du VTT. J’avais découvert sur Internet qu’on pouvait aider des paysans malgaches en achetant auprès d’une association un zébu qui leur était mis à disposition. A Madagascar, un zébu permet de faire vivre une famille. » C’est la raison pour laquelle il y a aujourd’hui à Antsirabe, la deuxième ville du pays, un zébu qui se nomme… Marcel !

Après trois ans d’engagement syndical à la CFDT, Marcel tire un bilan plutôt positif. « J’ai rencontré des gens supers qui retroussent leurs manches au quotidien. Mon investissement sur le dossier amiante m’a permis de connaître des personnes extraordinaires comme François Dosso, Roger Lambert et le Docteur Lucien Privet qui m’ont transmis avec passion leur savoir-faire. » Après un temps de réflexion, Marcel poursuit : « Mais j’ai aussi croisé la route de personnes qui ronronnent dans leur coin. Je ne leur en veux pas, mais il faut qu’ils comprennent qu’ils ne se rendent pas service, pas plus qu’ils ne rendent service à la CFDT. Je me rappelle d’une phrase de John Fitzgerald Kennedy : Avant de te demander ce que ton pays peut faire pour toi, pose-toi la question de ce que tu peux faire pour ton pays. »

S’il comprend qu’une grande organisation comme la CFDT a besoin de structures pour s’organiser, ce n’est pas son truc. Marcel préfère agir directement au contact des salariés.

Au final, Marcel est exceptionnel de générosité, de simplicité et d’efficacité. Digne représentant d’une école lorraine CFDT qui a produit beaucoup de militants de valeur, il fait partie de ces gens qui laissent un souvenir impérissable dans la tête de ceux qui croisent leur route. Et ce n’est pas tous ceux qui travaillent avec lui qui nous contrediront. Pas plus certainement que les collègues qui l’ont eu à leurs côtés pour les aider à affronter la procédure complexe d’indemnisation amiante.

Alors Marcel, reçois tous nos vœux de réussite pour la suite de ton combat solidaire.

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