En octobre 2021, Sanofi a créé sa filiale Euroapi, regroupant 6 sites de production. Euroapi compte 3 000 salariés, dont 730 à Vertolaye (63). Avec les travailleurs précaires, ce site emploie 1 000 personnes. La CFDT y représente 63,3 % des voix, elle a presque doublé son nombre d’adhérents en 5 ans.

La section de Vertolaye est pilotée principalement par  Paul, Anne, Nadège et Franck, entourés d’une quinzaine de militants.

Les performances économiques du site se sont dégradées au cours du temps. La création d’Euroapi, promettant un nouvel élan industriel pour le site, séduit d’abord les salariés lassés des restrictions imposées par Sanofi. Mais, après expertise du projet, les élus CFDT réalisent que la viabilité économique n’est pas là du fait du besoin en investissement. L’équipe CFDT oriente alors sa stratégie : obtenir de Sanofi de financer les investissements, impliquer l’État dans le capital d’Euroapie, mais aussi maintenir les acquis sociaux et obtenir une prime de transfert.

En juin 2021, les négociations d’un accord de méthode échouent, et les choses s’emballent. Le 8 juillet, la CFDT, en intersyndicale, lance une 1re grève. Près de 350 grévistes, une belle réussite. Paul reconnaît : « Ça nous a permis d’avoir un mandat clair pour nous guider. »

Le collectif, la base de l’efficacité
L’équipe, en partie renouvelée aux élections 2019, se réunit chaque semaine et se voit quotidiennement. Nadège, nouvelle élue, explique : « Au début, je ne voulais pas être étiquetée syndicalement. J’ai fini par rejoindre l’équipe, car je les voyais proches des salariés. Je n’avais pas d’expérience de fonctionnement collectif. J’ai été intégrée très facilement, nous échangeons beaucoup. C’est un groupe sympa et serein. »

Des adhérents nombreux et impliqués, notre vitrine !
« Nos adhérents ont toutes les informations avant les autres. On les consulte sur la stratégie. On leur demande leur avis. A Vertolaye, ce qui attire les salariés vers la CFDT, c’est la visibilité de notre action, ils ont confiance. Quand on fait une adhésion, c’est qu’on a réussi à balayer tous les préjugés antisyndicaux », convient Paul. Et d’ajouter : « Nous avons des adhérents dans tous les secteurs de l’usine, ils sont notre vitrine et nous permettent de faire de nouveaux
adhérents. » Anne précise : « Ca permet d’avoir une vision du terrain plus partagée et, c’est rassurant dans le contexte actuel. »

Faire jouer la solidarité externe pour peser
La section n’agit pas seule. Paul a rejoint l’exécutif du Syndicat Auvergne Limousin comme responsable juridique : « On a une sincère compréhension et un réel soutien du Syndicat. Franck Devaud, le secrétaire général, est à l’écoute, il percute. »
Pour obtenir l’implication de l’État dans le capital d’Euroapi, la section a sollicité les élus de tous bords à tous niveaux : communauté de communes, département, Région, députés et sénateurs, ministère de l’Economie et même le cabinet du Premier ministre ! 

Des résultats positifs, mais le combat continue…
Des premiers succès : 9,5 M € pour les investissements, maintien des principaux acquis sociaux, plan d’actionnariat de 6000 € par salarié, et surtout l’État devient actionnaire de 12 % d’Euroapi.
Paul conclut : « On a eu des taux de grévistes énormes, les gars y croient. J’ai retrouvé la foi en ce que je fais. Avec la communication, la transparence, le collectif, on peut s’en sortir. Entretenir des relations avec les autres syndicats, solides, respectueuses, des relations avec les adhérents régulières, sereines, fournies. C’est dans les moments de crise qu’on a besoin de sa base. On y est arrivés, je suis très satisfait du travail de l’équipe, mais il nous reste encore beaucoup à faire. »