Après quatre heures d’échanges, Jean-Louis Borloo, ministre d’Etat et Christian Estrosi, ministre de l’Industrie ont conclu la table ronde sur l’avenir du raffinage en proposant la mise en place de trois groupes de travail dont l’objectif est de construire un diagnostic partagé afin de proposer des perspectives d’engagement. Le premier groupe abordera la question sensible de la compétitivité du raffinage, le second, les enjeux de l’équilibre production / consommation et le troisième, les enjeux prospectifs (économie verte). Les premières réunions doivent se tenir en mai.
Outre les deux ministres, les politiques, les industriels, les syndicats dont la FCE-CFDT, le directeur de la direction énergie de la Commission Européenne, un représentant de l’Institut français du pétrole (IFP), de Pétrostratégie, et de l’Union des Ports de France ont participé également à cette table ronde. Seul le directeur d’Exxon France n’est pas venu, en réaction à l’appel à la grève lancé par la CGT.
Avant de présenter ses propositions, la FCE-CFDT a rappelé que les salariés du raffinage étaient inquiets pour leur avenir. Ils attendaient des perspectives tout en sachant qu’elles ne sortiraient pas du chapeau aujourd’hui. Dans le débat, la FCE-CFDT a rappelé que l’objectif était de trouver les solutions au problème du raffinage. Pour cela un diagnostic partagé doit être établi. Il doit déboucher à la fois sur la mise en place d’un Conseil d’orientation stratégique du raffinage et sur un agenda social au niveau de la branche. La FCE-CFDT a priorisé quatre thèmes :
L’équilibre production / consommation. Les exposés l’ont rappelé, le déséquilibre entre la production et la consommation date de 25 ans. L’année 2008 a généré un excédent de 6 milliards de tonnes (MT) d’essence et un déficit de 10 MT de gasoil. Cette situation fragilise d’autant plus les nouveaux acteurs (LyondellB asel, Inéos et Pétroplus) qu’ils n’ont pas les mêmes logiques industrielles, ni les mêmes ressources financières. Ce déséquilibre fait peser des incertitudes sur leur capacité à adapter leur outil de raffinage.
Pour la FCE-CFDT, si le gouvernement ne veut pas sacrifier une partie du raffinage, il doit impulser un rééquilibrage du parc automobile et instaurer une fiscalité cohérente entre l’essence et le gasoil. En contrepartie, on sera en droit d’exiger des raffineurs les investissements nécessaires pour adapter l’outil de raffinage et optimiser le baril (fuel lourd).
Le Grenelle de l’environnement. Les objectifs et orientations fixés par le Grenelle de l’Environnement sont partagés par tous les acteurs, dont les organisations syndicales. Il est nécessaire d’examiner les incidences et les échéances de sa mise en œuvre. La FCE-CFDT reconnait que cela aura des conséquences sur la consommation de carburants, mais encore faut-il les mesurer. Ne pas prendre en compte ces évolutions et ne pas les anticiper serait irresponsable et dangereux pour les salariés.
Les normes et les règlementations. Pour la FCE-CFDT, elles sont nécessaires, à la fois dans l’intérêt de la santé de l’Homme, mais aussi pour l’environnement. Si la France a adopté des règlementations supplémentaires en matière de sécurité (loi Bachelot), ce n’est pas pour rien. Rappelons-nous AZF… Plutôt que d’évoquer négativement ces dispositifs de sécurité qui fragiliseraient le raffinage, il est plus logique de convaincre l’Union européenne de leur bien-fondé pour l’ensemble des industries à risques majeurs.
Les importations hors Union européenne. Sans tomber dans le panneau du protectionnisme qui n’a aucun sens, il ne faut pas pour autant donner le bâton pour se faire battre. Le projet de Fos d’agrandir les capacités de stockage des produits pétroliers est inutile et dangereux pour le raffinage. Il est donc urgent de revoir ce projet et de le mettre en cohérence avec la volonté d’assurer un avenir au raffinage français.
Bien d’autres thèmes ont été effleurés et pourront être approfondis dans les groupes de travail. Ainsi la question des marges de raffinage sera ,elle aussi, au cœur du débat, comme celle des territoires ou de la sous-traitance.
Les trois groupes de travail doivent remettre leurs conclusions pour septembre / octobre 2010. Le groupe mis en place pour préparer cette table ronde va devoir s’étoffer et plancher sur ces trois thèmes qui vont dessiner le profil du raffinage de demain. La FCE-CFDT avec l’ensemble de ses équipes participera activement aux débats importants pour l’avenir du raffinage.
Il y a urgence à donner des perspectives à cette industrie car Petroplus a annoncé au Comité d’établissement la mise en vente de la raffinerie de Reichstett fin mars. En l’absence de repreneur à la fin juin, la direction de Petroplus réexaminera la situation de ce site.