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« Ne pas devoir renoncer à un déroulement de carrière »

Peut-on être cadre et adhérent ? La question est régulièrement posée. Jean-Jacques Noizat est cadre. Il témoigne.

Peut-on être cadre et adhérent ? La question est régulièrement posée. Jean-Jacques Noizat est cadre. Il témoigne.

Jean-Jacques Noizat est aujourd’hui le secrétaire général du syndicat chimie énergie Provence Corse. Ingénieur à EDF en 1983, il a choisi la CFDT et milité dans la section syndicale. Par la suite, au gré de ses différents postes, qu’il soit chef de division, DRH ou chef de projet adjoint, il a milité ou été « simple adhérent ». Son témoignage tord le cou à bon nombre d’idées reçues sur l’adhésion et le militantisme « cadre ». Il aborde notamment la question de l’adhésion anonyme, la compatibilité d’un poste hiérarchique avec un mandat CFDT et la question de la discrimination syndicale. Avec une question en toile de fond : faut-il choisir entre sa carrière et son engagement syndical ?

Mag FCE : Que t’apportent tes expériences syndicales, professionnellement et humainement ?
Jean-Jacques : Principalement deux choses. Une approche différente de l’entreprise et le plaisir de participer à un projet syndical. Je constatais que trop de salariés n’étaient pas écoutés parce qu’ils étaient en bas de l’échelle. Or ils avaient de bonnes idées et des compétences. Le syndicat permet de s’épanouir dans l’entreprise et intervient pour que les qualités soient reconnues. J’ai aimé contribuer à cela.
Après 10 ans passés où j’étais simple adhérent, le militantisme me manquait. Quand on m’a proposé d’être secrétaire général du syndicat, j’ai accepté. J’aime négocier, aller voir les patrons et faire avancer nos idées. J’apprécie aussi d’animer une équipe syndicale. Dans l’entreprise, c’est plus simple, tu peux imposer certaines choses. Mais avec les militants, le management ne se fonde pas sur la hiérarchie, il s’appuie sur la motivation, le sens collectif, l’émancipation, la responsabilisation et la convivialité. Ce contexte me fait progresser dans mon approche humaine et professionnelle de l’animation d’équipe.

Mag FCE : Comment as-tu concilié ton engagement syndical et ta carrière professionnelle ?
Jean-Jacques : Cela s’est toujours bien passé. Quand j’étais chef de division, à Gaz de France, toute mon équipe, une trentaine de salariés, a adhéré. Je pense que j’étais considéré professionnellement et que mes pratiques de management étaient en phase avec les valeurs de la CFDT. Je faisais la part des choses entre mes deux casquettes. D’expérience, je constate que les patrons sont demandeurs d’interlocuteurs syndicaux fiables et qui savent négocier.
Mon passé militant m’a aidé à avoir un poste de DRH. Jusque là, je n’avais fait que des postes techniques. Ma connaissance du fonctionnement social de l’entreprise a pesé dans la décision de l’attribuer. Pendant cette période, j’étais adhérent direct du syndicat et la section ne savait pas que j’étais adhérent. Bien entendu, je ne faisais aucune différence entre les organisations syndicales et tout s’est bien passé.

Mag FCE : Que dis-tu aux cadres qui hésitent à faire le pas de l’adhésion ou à militer ?
Jean-Jacques : Beaucoup craignent d’être mal vus et que leur déroulement de carrière s’arrête. La première chose à faire est de voir si leur peur est justifiée. Y a t-il des exemples de militants cadres discriminés ? Si oui, est-ce du au fait d’être syndiqué ou à leur comportement professionnel ?
Si le risque est réel et s’ils ne souhaitent pas militer, ils peuvent adhérer sans se faire connaître. L’adhésion est alors anonyme, « en direct au syndicat », et connue de quelques militants de confiance de la section.
Pour militer, il faut s’afficher. Alors le soutien sans faille de la section et du syndicat est la condition sine qua non.
En cas de problème, de discrimination, il faut réagir dès les premières alertes. Aller voir le patron ou le chef de service et « remettre les pendules à l’heure ». Cela permet d’intervenir, sans menace et efficacement. C’est ma pratique : intervenir rapidement à la moindre dérive, pour défendre les militants et les adhérents. Et ça marche.
Je voudrais rajouter que trop de militants considèrent que faire du syndicalisme, c’est faire une croix sur sa carrière. C’est bien évidemment une erreur.
Si on veut donner envie aux salariés, cadres ou non, de se syndiquer et de militer, il faut combattre les discriminations syndicales quand elles existent, et faire de ce combat une priorité. n

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