MAG FCE : Philippe, peux-tu décrire le SCEAL ?
PHILIPPE : Le syndicat couvre le Limousin et l’Auvergne, 80% des adhérents sont en Auvergne. Historiquement, les responsables du syndicat sont issus de Michelin et des IEG. Nous souhaitons impliquer plus de militants d’autres entreprises, mais avec quel droit syndical et quel moyen financier ? Le syndicat a été bien secoué par l’accord 35 heures Michelin en 2001, et par les retraites en 2003. Aujourd’hui, il a bien remonté la pente et il est solide.
MAG FCE : Quel a été ton parcours jusque-là ?
PHILIPPE : J’ai été engagé dans la marine pendant 18 ans. En 2005, après 4 ans de contrats précaires et de formations professionnelles, j’ai été embauché chez Michelin. J’ai alors souhaité évoluer, et j’ai préparé une capacité en droit. C’est là que j’ai pris conscience de l’importance du syndicalisme. J’ai adhéré à la CFDT et je suis devenu RS au CE en 2010. Je travaillais le week-end et je faisais des permanences juridiques à l’UD la semaine. Je suis devenu conseiller du salarié et défenseur syndical. En 2013, j’ai remplacé le DS, j’ai été élu au congrès du syndicat pour la mission juridique et, un an après, j’ai également été trésorier. Le développement et le fonctionnement du syndicat m’intéressaient.
MAG FCE : Quelles sont les orientations en matière de développement ?
PHILIPPE : L’objectif est de continuer les actions engagées par Alain et les militants du syndicat. Cela a donné de bons résultats. Pour créer des sections, nous tractons devant les entreprises ciblées suivant leur taille et leur proximité. Par exemple, cela fait quatre ans que nous allons à la verrerie de Puy-Guillaume. On va aussi là où on a un contact, comme la section que je viens de créer dans une boîte de 600 salariés. Pour les sections existantes, nous proposons notre soutien, nous mettons en place les enquêtes Flash et les micromodules sur la proposition d’adhésion, notamment.
MAG FCE : Quels sont les points forts du syndicat et ses marges de progrès ?
PHILIPPE : Notre syndicat est solide, les sections tiennent la route, elles sont stables. Le SCEAL est l’un des plus gros syndicats d’Auvergne, ça représente un poids politique et financier qu’il faut conserver et améliorer. On pourrait se développer plus, on a de la marge. On fait des adhésions, reste à les fidéliser. Plus on aura d’adhérents, plus on sera fort et efficace. On a renouvelé l’exécutif tout en gardant l’expérience. Ce qu’il faudrait encore améliorer, c’est le travail d’équipe. Ce que j’ai appris en animation de formation m’y aidera.
MAG FCE : Qu’est-ce qui te motive dans le syndicat ?
PHILIPPE : Je crois en l’action syndicale et au pouvoir des gens qui s’unissent pour se défendre. Pour construire un avenir, il faut de la stabilité, ne pas se sentir menacé en permanence. Les militants et les salariés sont fatigués des trop nombreuses réformes et de la remise en cause permanente du code du Travail, sans effet sur l’emploi. La CFDT s’est beaucoup investie dans tous les dossiers, et on a beaucoup été critiqué. Il est temps de faire des bilans des actions engagées. Le syndicat doit être utile aux salariés, et à tout changer tout le temps, on perd le sens de cette utilité, et personne ne s’y retrouve.
MAG FCE : As-tu un souvenir fort de ton expérience syndicale ?
PHILIPPE : Oui. Lors d’un tractage avec Alain, un jeune ouvrier est arrivé vers nous en tenue de travail : « Je suis élu sans étiquette, et je serais intéressé d’adhérer. » Il avait pris conscience qu’il avait besoin d’accompagnement. Je suis convaincu qu’il y a de nombreuses personnes dans ce cas. C’est fort parce que ça montre que ça peut marcher si on est présent au bon moment.