Face aux difficultés qu’ils rencontrent depuis bientôt deux ans, des syndicalistes américains de l’UAW ont traversé l’Atlantique pour venir participer à l’assemblée générale des actionnaires à Paris le 5 juin 2003.
En août 2001, au terme d’une véritable campagne antisyndicale menée par la direction, les salariés de l’usine Norton Abrasifs
de Worcester choisissent le syndicat UAW (United Auto Workers) pour s’organiser.
Une entrée syndicale qui permet d’ouvrir la première négociation pour une convention d’entreprise.Pour le syndicat,
il s’agit de mettre fin à une politique managériale qui érode les garanties sociales.
Les premières rencontres de négociations commencent en février 2002. Les mois passent et les réunions se révèlent infructueuses. Alors, ce jeudi 5 juin 2003, les syndicalistes, devenus actionnaires sont à Paris. Ils ont un objectif : être entendus de Jean-Louis Beffa, président-directeur général de Saint-Gobain.
Aux actionnaires, le président commente les résultats de l’année 2002. Il répond ensuite aux questions écrites, puis invite les actionnaires à poser de vive voix leurs questions.Jim Catterson, de l’Icem, informe de l’ampleur aux USA du différend qui oppose la direction au syndicat. Bob Madore de l’UAW précise que de nombreuses réunions paritaires se sont tenues à Worcester !
La direction est accompagnée de deux avocats. « A près de 2 000 dollars de l’heure, c’est un gaspillage dont on pourrait se passer » dit-il.Dans sa réponse, le président rappelle que les négociations sont décentralisées et sous la responsabilité des directions locales. Il met l’accent sur la situation économique du site où les coûts salariaux seraient élevés. Il termine en précisant que la direction négocie loyalement et veut réellement obtenir un accord.
Toni Quitadamo travaille depuis une trentaine d’années dans l’entreprise. Il met l’accent sur les dégâts humains provoqués par l’attitude de la direction. Carol Knox de UAW indique qu’elle participe aux négociations locales. Elle ne partage pas l’optimisme du président quant à la réelle volonté de négocier de la direction locale qui fait traîner les choses depuis deux ans.
A l’issue de l’assemblée générale, les délégués de Worcester ont le sentiment d’avoir été entendus. Il reste à vérifier si la direction assouplira son attitude, « sinon nous continuerons l’action à Worcester et appellerons à la mobilisation internationale » affirme Bob Madore.