Le groupe Rhodia est dans une situation catastrophique. Les raisons en sont diverses et variées : gestion désastreuse de ses dirigeants, stratégie hasardeuse, endettement énorme et conséquences de la crise économique qui sévit gravement dans la chimie de spécialité.
Lors des dernières réunions de comité d’entreprise européen et comité de groupe, la direction a présenté un plan de réductions des coûts. Il prévoit des réorganisations avec mise en plate-forme des services supports, assorties de mutations autoritaires et de suppressions d’emplois. Ces dernières sont chiffrées à 1 000 dans le monde, dont plus de 600 en France. La direction prévoit aussi 700 Me de cessions d’entreprises, ainsi qu’une augmentation de capital de 300 Me. Face à ce plan, injuste pour les salariés, la FCE-CFDT s’organise. Après le succès de la journée d’action du 10 décembre 2003 lors de la tenue du comité de groupe, une nouvelle journée d’action intersyndicale est programmée pour le 23 janvier.
D’autre part, la FCE-CFDT a demandé l’ouverture d’une négociation sur l’ensemble des problématiques industrielles, financières et sociales du groupe, axée sur le développement durable (lettre reproduite ci-dessous). Cette négociation passera par la conclusion d’un accord de méthode, incluant le volet industriel. Pour cela, rendez-vous est pris le 14 janvier avec la direction générale.
Enfin, une assemblée générale des militants CFDT de Rhodia est prévue le 15 janvier afin de définir la stratégie de la liaison pour les semaines à venir. Plus de 60 militants et militantes sont inscrits à cette rencontre.
Elle demande l’ouverture d’une négociation
Le 16 décembre 2003, Patrick Pierron au nom de la FCE-CFDT a adressé une lettre au président de Rhodia demandant l’ouverture d’une négociation. En voici le contenu.
« L’industrie de la chimie en France et en Europe connaît une période difficile du fait d’un contexte économique peu favorable. Bon nombre de groupes industriels de ce secteur connaissent des difficultés actuellement.
Votre entreprise Rhodia en fait partie malheureusement. Les annonces faites unilatéralement par la direction concernant des cessions d’actifs, des fermetures de sites, des suppressions d’effectifs ou des mutations d’office, inquiètent les salariés. Inquiétude légitime puisque dans le contexte économique difficile où le chômage ne cesse d’augmenter, l’avenir de leur entreprise est questionné et par conséquent, la pérennité de leur emploi est posée.
Lors de l’assemblée générale du 29 avril 2003, la FCE-CFDT est intervenue pour souligner l’importance de garder un groupe industriel intégré qui gagne en lisibilité sur son projet industriel et sa politique sociale. Nous avons toujours soutenu la volonté de votre groupe de s’inscrire dans une démarche de développement durable qui allie les dimensions économiques, sociales et environnementales. Cette stratégie doit se mener dans la transparence, en concertation avec les organisations syndicales et une implication forte des salariés. C’est à ce prix que la confiance avec les salariés sera retrouvée.
C’est dans cet esprit que notre fédération vous demande d’ouvrir des négociations avec les représentants du personnel sur les questions industrielles et sociales.
La question de l’avenir industriel du groupe, les enjeux qui sont posés et les défis qui sont à relever doivent donner lieu à une concertation avec les organisations syndicales et les représentants des salariés.
La prise en charge des aspects comme le respect de l’environnement, la sécurité des installations et des personnels, doivent être des éléments forts de cette dimension industrielle.
Au-delà du volume, la question de l’emploi doit être traitée de façon large en intégrant la formation professionnelle continue, la mobilité, les organisations et les conditions de travail, les rémunérations et la sécurisation des parcours professionnels.
Cette question est essentielle et doit être traitée de façon à donner des perspectives d’évolution à tous les salariés.
La représentation des salariés dans les processus de décision de votre groupe me paraît également un sujet majeur pour améliorer la démocratie sociale interne. Nous vous proposons d’examiner la possibilité d’avoir des représentants des salariés dans votre conseil d’administration. Une évolution de ce type de votre gouvernance permettrait de renforcer la participation des salariés dans la vie de l’entreprise.
De plus, le fait d’avoir une gouvernance qui va au-delà des seuls actionnaires, et donc plus représentative des différentes composantes du groupe, est un gage de pérennité, de transparence et donnera une image de votre entreprise plus conforme à vos engagements sur le développement durable.
Ces propositions sont faites dans le seul souci de pérenniser le groupe Rhodia, et par conséquent, l’emploi à moyen terme.
Les perspectives du dialogue social que nous vous proposons favoriseront une meilleure compréhension des problèmes et des enjeux qui sont posés. Elles sont aussi de nature à regagner la confiance des salariés, des actionnaires et des investisseurs potentiels car elles offriront une meilleure visibilité quant à l’avenir du groupe. «