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Pénibilité au travail : la parole aux adhérents

Avant que ne s’engage dans toutes les branches professionnelles la négociation sur la pénibilité au travail, chaque adhérent CFDT des entreprises du caoutchouc est invité à donner son avis. Reportage.

Avant que ne s’engage dans toutes les branches professionnelles la négociation sur la pénibilité au travail, chaque adhérent CFDT des entreprises du caoutchouc est invité à donner son avis. Reportage.

es délégués syndicaux des usines Trelleborg de Carquefou ont participé nombreux au débat organisé sur le thème de la pénibilité au travail. Une mobilisation qui souligne clairement leur intérêt pour le sujet. Jacques Caltot, délégué fédéral chargé de la branche caoutchouc, a lui aussi pris place dans le local de la section syndicale. Il est venu avec les premiers résultats de l’enquête adressée aux adhérents de la branche (voir encadré).

A Carquefou, ce type de rencontre n’est pas une première. Mais cette fois, le sujet proposé tombe à pic. Car les délégués, depuis quelque temps, mettent toute leur détermination à mobiliser les CHSCT (comités hygiène sécurité et conditions de travail) des différentes usines du site sur les conditions de travail, et notamment les troubles musculo-squelettiques ou TMS.

« La pénibilité, parlons-en ! » propose Gilbert, délégué syndical central et membre du comité national de la branche. Rapidement, le travail posté est pointé du doigt. Tout le monde s’accorde pour qualifier de pénible le fait de se lever très tôt le matin pour se retrouver devant sa machine à cinq heures. « Quand on le fait depuis des années, ça devient un automatisme. Mais le problème, c’est qu’on se réveille aussi à trois heures et demie du matin durant les week-ends et les vacances ! », souligne un participant.

Les remarques fusent autour de la table, car le sujet passionne que l’on soit un ancien de la boîte ou un jeune embauché. Le mot stress est lâché. La référence à la productivité revient comme un leitmotiv. Car le travail se fait toujours plus exigeant en quantité, en qualité ou zéro défaut, en contrôles et complexité. Ici, la pénibilité ou sentiment de ras-le-bol, est liée à l’organisation du travail. Au bout de la table, un militant dénonce l’organisation du travail imposée. « On ne peut même pas gérer la prise de son temps de pause ! » Un autre donne son point de vue : « sur la machine, certains travaillent beaucoup plus vite pour se ménager une pause plus longue en fin de journée ».



Pour Marie-Claude, la pénibilité est aussi liée à l’âge. Avec les années, les cadences exigées deviennent inatteignables et le sentiment de ne plus pouvoir assurer le rythme, génère un véritable stress. Et on subit la machine. « Avant, on avait envie de venir travailler. Il y avait une autre ambiance. On avait un peu de temps pour parler entre nous. Aujourd’hui, c’est plus pareil. » Nostalgie ? C’est un regard plutôt pessimiste, relativisé par les plus jeunes qui disent trouver le temps de rigoler. Mais la discussion montre que les signes de fatigue et d’usure sont pour tous déjà présents.

Il y aussi les intérimaires qui paraissent travailler mieux que les embauchés en contrat à durée indéterminée. Mais ce n’est souvent qu’une volonté de s’installer dans un emploi stable. Car ils sont prêts à tout pour décrocher un emploi durable. « Il n’y a pas qu’eux, intervient Yannick. Je connais des anciens qui souffrent sur leur bécane, mais ils préfèrent se taire et reporter la visite médicale qui pourrait les révéler malades, voire même inaptes. On se heurte aussi à des responsables qui agitent comme un spectre la menace de la délocalisation si on est trop exigeant. » Triste état des lieux.

Le débat a ensuite ouvert la piste des remèdes. Evidemment, le rôle du CHSCT, sous l’angle de la prévention, a été mis en avant. Et le départ en retraite anticipé pour les travailleurs postés les plus âgés s’est déjà transformé en revendication. Mais ce n’est là qu’un pis-aller, car le travail doit cesser de briser la vie des salariés et amputer leur espérance de vie. Pour Gilbert, il va de soi que cette fatigue, qui ne se répare ni par les repos quotidiens ou hebdomadaires, ni même par le congé annuel, concerne aussi les salariés qui travaillent à la journée. « Alors il ne faudra pas se louper lors de la négociation sur la pénibilité ! »

Un questionnaire sur la santé au travail, dont la pénibilité, destiné à tous les adhérents CFDT de la branche caoutchouc, a été diffusé par le canal de la circulaire de branche. A ce jour, toutes les sections syndicales n’ont pas encore fait remonter les questionnaires remplis. Ce qui n’a pas empêché le comité national de branche de procéder, en mars, à une première analyse des réponses déjà reçues. Pour une majorité d’adhérents, la notion de pénibilité recouvre les problèmes liés au travail posté, à l’intensification de la production, aux gestes répétitifs et au stress. Ils relèvent aussi la dégradation des conditions de travail au travers les agressions que représentent le bruit, les produits chimiques et la chaleur. Sans compter les accidents du travail et les maladies professionnelles, et ce, malgré la difficulté à les faire reconnaître. Au chapitre des accidents, les brûlures, coupures, lombalgies et tendinites s’inscrivent en tête d’une liste noire des risques les plus fréquents. Quant à l’amélioration des conditions de travail des travailleurs postés, ils plébiscitent le départ en retraite anticipé. Dans leurs commentaires, les adhérents se montrent lucides. Ils soulignent à l’occasion les progrès réalisés et, plus souvent, le fait que la santé n’est pas une priorité réelle des employeurs.

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