L‘opinion publique est très largement favorable à prendre en compte la pénibilité au travail dans les systèmes de retraite. Une idée qui a aussi un écho politique important, puisque la loi sur les retraites de juillet 2003 a donné notamment un délai de trois ans aux partenaires sociaux pour négocier sur la pénibilité. Mais prendre en compte la pénibilité dans les systèmes de retraite ne dispense aucunement d’agir aussi pour l’amélioration des conditions de travail. Car les salariés sont nombreux à dire, dans de multiples enquêtes convergentes, leur mal-être au travail et leur ressenti exacerbé des contraintes de travail. Les enquêtes « Travail En Questions » de la FCE-CFDT en témoignent aussi. Il s’avère donc nécessaire de s’interroger sur les causes déterminantes de l’usure au travail, sur les expositions multiples voire simultanées, et de prendre en compte la situation immédiate des salariés usés prématurément et leur capacité à tenir le coup. Une nécessité encore renforcée par l’allongement programmé des carrières professionnelles.
A partir de ces clarifications à apporter, la négociation voulue par la CFDT portera sur les voies et les modalités de réduction de l’usure au travail. Les traitements parcellaires, notamment la compensation par les préretraites, ne sont pas satisfaisants. Plus doit être fait en termes de prévention et de réduction de la pénibilité, car l’objectif est bien de réduire le nombre de salariés usés. La préparation de la négociation a donné l’occasion de préciser les enjeux, les priorités, les définitions et les repères. Permettre à chaque salarié de rester au travail en bonne santé jusqu’au moment où il décide de partir en retraite, reste le but premier. Obtenir la reconnaissance de la pénibilité, une vraie prévention des risques professionnels, la reconnaissance et la réparation de l’usure au travail (notamment par des mesures de cessation anticipée du travail proportionnelle à la pénibilité subie), et un vrai financement de la réparation, sont les objectifs que la FCE soutiendra à travers sa campagne fédérale « Pour l’emploi et un travail de qualité ».
Mais cela appelle un véritable investissement patronal que nous ne sentons pas. Pour que le patronat revienne à la table des négociations, la mobilisation des salariés est indispensable. C’est pourquoi, début décembre, sont prévues des initiatives interprofessionnelles, locales et régionales, autour de ce thème. Les équipes de la FCE y participeront activement.