La libéralisation du marché de l’énergie, le 1er juillet 2007, permettra aux consommateurs de choisir librement leur fournisseur d’énergie parmi plusieurs opérateurs. Ils pourront dans un premier temps, jusqu’en 2010, rester aux tarifs réglementés fixés par les pouvoir publics et uniquement délivrés par EDF pour l’électricité et Gaz de France pour le gaz. Ils pourront aussi y renoncer et choisir une des offres de marché proposées par plusieurs fournisseurs (Poweo, Direct Energie, etc.), mais aussi par EDF et Gaz de France. Cette ouverture totale à la concurrence en France va-t-elle conduire à la baisse des prix de l’électricité et du gaz attendue par les particuliers ou au contraire risque-t-elle d’entraîner une augmentation des prix, comme cela est le cas dans les pays européens qui ont déjà ouvert leur marché ?
Les organisations syndicales, dont la CFDT, et plusieurs associations ont déjà alerté les particuliers sur les dangers de quitter les tarifs régulés. Il faut savoir qu’une fois quittés, il est impossible de revenir aux tarifs régulés. Tout comme en cas de déménagement dans un logement dont l’ancien occupant les avait quittés. Dans le système de libéralisation, l’offre de prix, a priori attractive pour appâter le client, pourrait ensuite évoluer à la hausse, sans recours possible. C’est la mésaventure vécue par les professionnels français qui ont décidé de faire jouer la concurrence depuis 2000. Après avoir bénéficié d’une baisse de leur facture jusqu’en 2002, ils ont ensuite essuyé une inflation vertigineuse de 70 à 100 %. Devant le mécontentement des entreprises concernées, le gouvernement a dû reculer en accordant à certaines, début 2007, une dérogation provisoire sur les prix. Faveur à laquelle les particuliers ne peuvent pas prétendre.
De plus, le fait que la France ait fait notamment le choix de la filière nucléaire, permettait d’avoir un tarif régulé inférieur au prix du marché. Comment alors faire accepter aux Français ce choix industriel s’ils n’en tirent plus pleinement les bénéfices ? Comment ouvrir d’autres perspectives énergétiques qui réclament investissements à long terme, si le prix du KWh est désormais dicté par un marché devenant spéculatif ?
Le fait qu’EDF et Gaz de France puissent proposer à la fois le tarif réglementé et les prix du marché engendre une confusion. Le conseil venant d’un « agent » EDF ou Gaz de France, apprécié auprès de la population, mais dont la mission commerciale sera de présenter toutes les propositions tarifaires, peut poser de nouvelles difficultés. Les logiques de rentabilité des entreprises énergétiques risquent de l’emporter sur la continuité de service aux clients.
La FCE-CFDT demande une pause dans ce processus de déréglementation, et l’évaluation sérieuse de l’ouverture totale des marchés de l’énergie, dans le but d’éviter que les excès observés dans d’autres secteurs, comme les télécommunications, ne se répètent.