Le 22 mars, la Commission européenne lançait une alliance européenne pour la responsabilité sociale des entreprises (RSE), alliance fondée sur un partenariat exclusif avec le monde des affaires. Elle répondait ainsi à la volonté de l’Unice, organisation patronale européenne, d’exclure les autres parties prenantes potentielles. La Confédération européenne des syndicats avait exprimé des craintes sur le risque d’une approche déséquilibrée et unilatérale de la RSE, qui ne prenne en compte que le point de vue d’un seul acteur. La communication de la Commission européenne, qui fait abstraction des débats du Parlement européen sur ce sujet, comme de la stratégie européenne en la matière depuis le Sommet de Lisbonne, lui donne malheureusement raison.
Le syndicalisme européen et la plupart des organisations non gouvernementales (ONG) se sont insurgés contre cette communication. L’option prise par la Commission européenne nous renvoie en effet des décennies en arrière. Quelle motivation a pu la pousser à exclure de la démarche l’ensemble des parties prenantes, sociales et environnementales ? Les enjeux de la cohésion sociale et sociétale militent au contraire pour des coopérations accrues entre les composantes de l’entreprise et de la société civile.
Le patronat et les syndicats sont des parties prenantes dans l’entreprise. Les questions économiques et sociales, les relations entre donneur d’ordre et prestataires de service, fournisseurs ou sous-traitants, sont des éléments centraux qui engagent la responsabilité des employeurs comme des salariés. Cette interaction permanente devient une condition incontournable pour que les contrats et les échanges ne soient pas effectués essentiellement sous l’angle des coûts, mais bien en intégrant des critères favorisant l’emploi et la pérennité des entreprises (qualité, compétences, formation, etc.).
L’intérêt des entreprises est aussi de développer des passerelles avec la société civile afin de lui permettre de mieux comprendre, et en toute transparence, les contraintes auxquelles elles sont souvent confrontées. C’est en renforçant le dialogue avec les associations et les ONG, sur des sujets où ces associations et ces ONG sont légitimes comme l’environnement ou le risque industriel, que les entreprises gagneront leur confiance et renforceront leur capacité de développement par une acceptabilité sociale partagée.
C’est là le sens de notre démarche fédérale quand nous agissons dans les entreprises de nos champs professionnels pour qu’elles négocient et contractualisent des accords dans le domaine de la RSE. C’est aussi le cœur de la résolution d’orientation du prochain congrès de notre confédération. Exprimer des exigences en termes de responsabilité sociale au niveau des entreprises, c’est contribuer à un monde plus durable. La Commission européenne doit sans tarder le réaffirmer dans une nouvelle communication.