Le groupe Hutchinson SA, avec 26 000 salariés dans le monde, est une filiale 100% du groupe Total. Ce groupe est composé en France de trois entreprises, Hutchinson, (6 sites), Le Joint Français (6 sites) et Paulstra (4 sites).
Les activités de ces entreprises sont fortement dépendantes de l’industrie automobile (raccords, joints, gaines etc.). Rapidement, face à la crise que traverse l’industrie automobile, les premières mesures de chômage partiel ont débuté courant octobre 2008. Aujourd’hui, les comités d’entreprise de chaque entreprise ont été informés des prévisions de chômage partiel pour début 2009. On ne peut pas dire que cela s’arrange.
Chez Hutchinson, suivant les secteurs d’activités, cela va de 14 jours chômés pour février à de 8 à 10 jours par mois jusqu’au mois d’avril.
Pour Le Joint Français, les perspectives sont similaires. Cela va aussi de 5 jours à 10 jours de chômage partiel avec la possibilité de prendre des congés payés ou des RTT pour les trois premiers mois de l’année.
Chez Paulstra, tous les sites ne sont pas affectés, mais un site chôme une semaine par mois et un second 19 jours pour les trois premiers mois.
Les directions insistent sur le caractère prévisionnel du planning, celui-ci pouvant évoluer si les carnets de commande n’évoluent pas.
Face à cette situation qui ne s’améliore pas depuis octobre 2008, la FCE-CFDT n’est pas restée inactive. Outre les actions dans les entreprises, la responsabilité sociale du groupe Total devait jouer.
En fait, tout a commencé le 7 novembre lors du Comité de Groupe. La FCE-CFDT a interpellé directement Christophe de Margerie, le directeur général du groupe Total et a indiqué qu’il n’était pas concevable que des salariés du groupe Hutchinson soient impactés par une crise dont ils ne sont en rien responsables. Sans apporter de réponse immédiate, la direction a reconnu que la question devait être examinée.
Deuxième étape, la réunion du 5 décembre du Comité européen du groupe Total. Là encore intervention de la FCE-CFDT, mais également des délégués allemands, espagnols, polonais et portugais. La solidarité du groupe Total est de nouveau interpellée. Une nouvelle réunion spécifique est organisée au niveau européen le 15 janvier. Si la dimension économique est largement couverte, le social est toujours en reste.
Pour la FCE-CFDT, les salariés du groupe Hutchinson ont besoin de réponses immédiates. La mobilisation prend donc une nouvelle dimension.
La coordination CFDT du groupe Total questionne à nouveau le directeur général du groupe par courrier et lance une pétition dans toutes les entreprises du groupe. Dans le même temps, le secrétaire général de la FCE-CFDT Patrick Pierron interpelle lui aussi la direction du groupe Total sur sa responsabilité sociale. En quelques jours plus de 4 000 signatures sont recueillies… et tous les collectifs CFDT n’ont pas encore fait remonter leurs pétitions.
Les équipes syndicales CFDT des trois entreprises Hutchinson ont fait elles, le choix de se démarquer des autres organisations syndicales dans leur action. Ces dernières ont privilégié une grève le 13 février avec une manifestation au siège du groupe Hutchinson. Par les temps qui courent, notamment de chômage partiel, la FCE-CFDT a donné la priorité à la pétition et à fait le pari du dialogue social.
Le résultat est probant. Que cela soit, l’exploration/production, le raffinage, le marketing ou la chimie, beaucoup de salariés sont venus féliciter la FCE-CFDT pour cette démarche de solidarité au sein du groupe.
Cette mobilisation, qui est une première dans le groupe Total, semble en effet porter ses fruits. La direction d’Hutchinson a convo-qué les délégués syndicaux centraux le 11 février. Des négociations vont pouvoir s’ouvrir dans chacune des entités des trois entreprises, afin de minimiser les pertes de salaire en cas de chômage partiel. Il reste à transformer l’essai !
S’il est encore trop tôt pour donner les résultats, on peut dire que l’objectif de faire jouer la solidarité est atteint. D’une part, bon nombre de salariés ont demandé la solidarité au sein du groupe Total agisse. D’autre part, nous avons conduit Total à mettre en œuvre sa responsabilité sociale vis-à-vis des salariés du groupe Hutchinson.
La mobilisation et la solidarité payent toujours.