Le 10e congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est tenu à Prague du 26 au 29 mai 2003. Les orientations étaient centrées sur une Europe sociale qui privilégierait l’emploi et la croissance économique.
Le symbole est fort. Pour la première fois de son histoire, le mouvement syndical européen s’est réuni dans une capitale de l’Europe centrale et orientale. Cette initiative, un an avant l’entrée de dix nouveaux pays dans l’Union, a été saluée d’emblée par le président de la fédération syndicale tchèque Cmkos en ces termes : « Après des dizaines d’années d’Europe divisée, nous retrouvons notre identité commune ».
Quatre jours durant, six cents délégués ont débattu pour dégager les priorités de la CES pour les quatre années à venir. Priorités qui seront mises en œuvre par une équipe presque totalement renouvelée.
Le programme d’action se décline en cinq parties : notre vision de l’Europe, le modèle économique et social européen, le renforcement des relations industrielles européennes, Europe et mondialisation, le renforcement de la CES et de l’identité syndicale européenne.
La plupart des intervenants ont insisté sur la panne du processus engagé à Lisbonne en mars 2002. Le Conseil européen avait alors affirmé que l’Union se devait de promouvoir une société de la connaissance et du plein emploi. Depuis, la conjoncture économique s’est assombrie et le chômage est reparti à la hausse.
Gouvernance économique européenne, protection sociale de qualité fondée sur la solidarité, formation tout au long de la vie, meilleur équilibre entre les règles de concurrence et celles qui régissent les services d’intérêt général, sont quelques-unes des positions de la CES en matière économique et sociale.
Le congrès a également adopté un plan d’égalité entre hommes et femmes qui a été présenté par le Comité femmes de la CES.
La future Constitution européenne
Durant ce congrès, un débat s’est instauré sur la future Constitution européenne en présence du président de la Convention. Une occasion pour les congressistes de la CES de faire le point sur la prise en compte de la dimension sociale dans le futur traité.
La première partie de ce texte européen rappelle les valeurs et les objectifs de l’Union. Cette dernière situe le cadre de son action dans une économie sociale de marché qui vise le plein emploi, la lutte contre l’exclusion, l’égalité entre les hommes et les femmes et la solidarité entre les générations.
Réaffirmation du rôle des partenaires sociaux
L’Europe jusqu’à présent coordonnait les politiques économiques des Etats membres. La nouvelle rédaction propose de lui conférer le rôle de coordonner les politiques économiques, sociales et de l’emploi. La charte des droits fondamentaux formera le titre 2 du futur traité.
Le rôle des partenaires sociaux est également réaffirmé dans ce projet. Projet de constitution qui sera en principe finalisé le 19 juin 2003, puis ce sera aux gouvernements de s’en emparer lors d’une conférence intergouvernementale. Il pourrait entrer en vigueur avant fin 2005.
Qu’est-ce que la CES ?
La CES regroupe 77 confédérations nationales et 11 fédérations syndicales européennes. Globalement, les organisations adhérentes à la CES représentent plus de 60 millions de membres répartis dans 35 pays européens. La CES est la seule organisation syndicale intersectorielle reconnue comme représentative aussi bien par la Commission européenne que par le Conseil de l’Europe. Cette reconnaissance s’étend aux fédérations européennes concernant leurs secteurs. Les représentants de la CES participent à plusieurs instances européennes.
Pour en savoir plus : www.etuc.org/fr/
Ciao Emilio
Le congrès s’est achevé par un vibrant hommage à Emilio Gabaglio, le secrétaire général sortant désormais remplacé par le Britannique John Monks. Ce salut s’adressait aussi aux membres du secrétariat qui ont mis fin à leur mandat. Parmi eux, Jean Lapeyre, secrétaire général adjoint, issu de la CFDT où il avait été secrétaire général à la FGMM puis, à la confédération, rédacteur en chef de Syndicalisme hebdo.
Parmi la nouvelle équipe qui a été élue, il est à noter l’entrée d’un membre de la CGT, Joël Decaillon.