En 2015, 11,4 millions de Français de plus de 65 ans vivaient à domicile, dont 64 % en maison individuelle contre 680 000 personnes en institutions spécialisées de type Ehpad (critères Insee).
A ce jour, les politiques publiques de l’autonomie privilégient de plus en plus le maintien à domicile pour les personnes âgées après des années de développement de leur hébergement en Ehpad. Le scandale Orpea a renforcé et conforté cette tendance.
Pour la CFDT Retraités, la personne âgée doit pouvoir accéder à une offre diversifiée de structures accessibles financièrement, permettant de garder un lien familial, social et intergénérationnel.
Depuis quelques années, de nouvelles formes d’habitat émergent. Celles-ci tiennent compte du parcours de vie et d’une démarche de protection pour conserver son espace privé ouvert sur la société. Nous vous en présentons des modèles mis en œuvre évitant aux parents, aux enfants de ne penser qu’Ehpad pour leurs anciens !
La colocation : des jeunes viennent habiter chez les plus âgées. Plusieurs associations, dont la CFDT avec « Partage de toit », en font la promotion. Le dispositif CoSI (cohabitation intergénérationnelle solidaire) permet à des personnes de plus de 60 ans de louer ou de sous-louer une partie de leur logement à un jeune (moins de 30 ans), dans l’objectif de renforcer le lien social et de faciliter l’accès au logement à un jeune. La loi ELAN, du 23 novembre 2018, a donné un cadre juridique à la « cohabitation intergénérationnelle solidaire ».
L’habitat partagé : à titre individuel, certaines personnes se regroupent pour trouver une alternative à l’habitat collectif traditionnel. Déjà développés dans le nord de l’Europe et arrivant en France, les béguinages, ensembles immobiliers à taille humaine (10 à 25 logements au maximum), organisés autour d’un jardin et d’espaces de vie partagés, répondent aux attentes des personnes âgées. Dans les années qui viennent, des dizaines de béguinages devraient voir le jour, portés par un esprit solidaire, désireux de rester aux commandes de sa vie jusqu’au bout.
L’habitat participatif : la loi Alur de 2014 ouvre la possibilité pour des coopératives d’habitants d’acquérir en commun un lieu d’habitation qu’ils gèreront. Ce dispositif reste minoritaire, car il rencontre des blocages de la part des institutions, ou des familles. Les financements ne sont pas adaptés, et les arrêtés tardent à être publiés. Les banques refusent de reconnaître le groupe d’habitants, n’acceptant comme interlocuteurs que les ménages individualisés, et la famille s’oppose souvent à ce nouveau choix de vie qu’elle juge hasardeux, tout en vivant mal la vente de la maison familiale.
L’habitat inclusif : alternative à l’hébergement en institution pour les personnes handicapées et/ou âgées. On retrouve des petits ensembles de logements indépendants, caractérisés par des espaces de vie individuelle, associés à des espaces de vie partagés dans un environnement aidant et sécurisé (ex. malade d’Alzheimer). La famille d’accueil : l’accueil familial est proposé par des accueillants familiaux agréés par le Conseil départemental. Ils font partager leur vie de famille moyennant rémunération. L’hébergement, la restauration, l’entretien des effets personnels et des pièces mises à disposition sont assurés par les accueillants. Le dispositif « Famille d’accueil » permet aux personnes âgées de bénéficier des aides sociales et fiscales.
Avec la CFDT Retraités, il devient urgent d’agir pour que chacun puisse développer et maintenir son autonomie le plus longtemps possible dans un environnement adapté, nourri de liens sociaux, en gardant sa propre indépendance. Nous ne pouvons accepter une société ségrégationniste en fonction de l’âge. Nous voulons vivre dans une société intergénérationnelle.