L’annonce des 12 milliards de bénéfices réalisés par le groupe Total, fait couler beaucoup d’encre. Bon nombre de commentateurs, relayés par une partie de l’opinion publique, dénoncent le côté impudique de tels gains et clament leur indignation. D’autres donnent de la voix pour que cette masse financière soit redistribuée aux citoyens et aux consommateurs, stigmatisant le fait que ce groupe engrange ces énormes profits grâce à la flambée du prix du pétrole. Enfin certains acteurs politiques surfent sur cet élan populiste. Et demandent qu’une nouvelle taxe soit créée pour ponctionner une partie de cet argent au bénéfice de l’Etat français, sans pour autant dire sur quelle ligne budgétaire l’affecter.
En tant que syndicalistes, nous avons à nous interroger sur cette situation financière, sans pour autant enfourcher le cheval du simplisme. Il est important de rappeler que le groupe Total est d’origine française, mais qu’il est surtout une multinationale présente dans 130 pays. D’autant que la question des délocalisations fiscales se pose. N’est-il pas temps que l’Etat légifère pour éviter la fuite des capitaux et pénaliser les groupes qui se livrent à de telles pratiques, plutôt que d’envisager de taxer ceux qui investissent et restent en France ? Plus des deux tiers des bénéfices de Total ont été réalisés en dehors de l’hexagone, rappelons-le.
Pour la FCE-CFDT, la responsabilité sociale du groupe est engagée. Total doit mener des actions dans une perspective mondiale liée à l’emploi. Les négociations européennes, déjà achevées ou qui sont en cours, sur la diversité ou l’essaimage, contribuent à une dynamique pour l’emploi et l’aménagement des territoires. Les accords salariaux qui viennent d’être signés dans toutes les branches d’activité du groupe y participent aussi, puisqu’ils redistribuent une partie des gains engrangés en augmentant le pouvoir d’achat des salariés qu’ils travaillent dans le pétrole, la chimie ou encore le caoutchouc. Notre fédération est moteur de ces démarches.
Elle tient aussi à l’importance d’orienter une partie de ces gains vers la recherche et le développement des investissements industriels. Un des objectifs prioritaires est de permettre à la chimie d’Arkema d’assumer son avenir proche, autonome du groupe pétrolier, dans de bonnes conditions pour les salariés et avec des installations modernisées et respectueuses de l’environnement. Des efforts plus soutenus doivent aussi être engagés dans les énergies renouvelables, dans les biocarburants ou les bio-diesels, dans la modernisation et l’adaptation des raffineries. Pour la FCE-CFDT, toutes ces actions participent d’une meilleure redistribution des richesses, en dépassant la seule rémunération des actionnaires.