Après bientôt quatre mois, le procès AZF, filiale du groupe Total, touche à sa fin. S’il a réveillé les meurtrissures des salariés d’AZF et des toulousains suite à cette catastrophe du 21 septembre 2001, il conforte notre analyse rappelée par nos avocats lors de la plaidoirie.
Malgré toutes les rumeurs qui ont vocation à persister, toutes les thèses, et notamment celle de l’acte de malveillance, ont bien été instruites. La thèse de l’accusation, l’accident chimique, se révèle être la seule plausible. Les audiences dédiées aux autres hypothèses ont démontré qu’elles étaient sans objet.
Le procès a mis en exergue de réels dysfonctionnements dans l’usine. En premier lieu, le personnel sous-traitant n’a pas reçu de formation sur la dangerosité des produits chimiques, alors que certains d’entre eux les manipulaient. De plus, un contrat de sous-traitance lié à la gestion des déchets a fait l’objet de modifications orales. Enfin, la multiplicité des contrats de sous-traitance fait que pas moins de trois entreprises pouvaient accéder au hangar 221 qui a explosé, et prendre le risque d’un mélange de produits incompatibles. Le même constat a pu être établi pour un autre hangar, le 335. Notre plaidoirie n’avait pas pour objet de stigmatiser le recours à la sous-traitance. Par contre, cette dernière doit être intégrée de façon permanente à l’organisation du travail.
Ce procès conforte notre vision des bonnes pratiques d’entreprise : AZF est exactement ce qu’il ne faut pas faire. La prise en charge de la sécurité sur les sites à risques majeurs doit être totale, et non pas en fonction de politiques menées consistant à privilégier la rentabilité au détriment des organisations du travail. Le dialogue social est incontournable surtout lors des périodes d’adaptation de l’entreprise. Elles sont trop souvent limitées à des réductions d’effectifs synonymes de pertes de compétences, de savoir-faire et de savoir faire-faire, préjudiciables à la longue à l’entreprise. Le rôle du CHSCT est primordial. Enfin, quelle que soit l’organisation fonctionnelle ou juridique adoptée, la notion de groupe intégré doit conserver tout son sens et donner à toutes les filiales les mêmes responsabilités.
Alors gageons que tous les acteurs sauront tirer les leçons de cette catastrophe et feront de la sécurité une réelle priorité ; Les pouvoirs publics en donnant les moyens d’applicabilité des lois et en assurant une meilleure gestion de l’urbanisme autour des sites à risques. Le patronat de la chimie en négociant dans les entreprises la mise en œuvre de l’accord de branche sur la sécurité industrielle de 2003.
Gageons que l’entreprise citoyenne du 21ème siècle développera une gouvernance évaluable et transparente dans laquelle toutes les parties prenantes seront intégrées.