Depuis une dizaine d’années, le numérique prolifère dans nos vies. Et le mouvement s’accélère avec la pandémie. Une grande partie des réponses automatisées provient désormais d’intelligences artificielles. Relation client, recrutement, calculs de risques, l’IA dépasse le domaine de la prédiction scientifique, médicale ou météo, pour être disponible à tout moment, dans nos poches, dans nos smartphones.
Les équipes qui programment ces raffinements technologiques et paramètrent les données nécessaires, sont très loin d’être mixtes et diverses. De sorte que l’immense majorité des réponses apportées par ces automatismes correspond à des choix stéréotypés d’hommes blancs actifs et relativement aisés. Ce qu’on appelle « biais de genre », est donc une vision inexacte du monde qui néglige les femmes et les minorités.
Corriger les biais de genre est un nouveau champ de lutte pour la mixité et la diversité, dont s’emparent les acteurs économiques. Un sujet d’autant plus urgent que l’intelligence artificielle manque totalement sa cible en omettant de s’adresser à une population mixte et diverse. Continuer à l’ignorer c’est prendre le risque de se voir disrupter par des acteurs économiques plus matures sur ces sujets.
Les biais de genre sont ultradocumentés mais peu dépassent le constat pour proposer des solutions. Le taux de féminisation de ces métiers plafonne toujours à 17%, même si les milieux associatifs encouragent les jeunes femmes à suivre des cursus technologiques. Hervé Cuillandre milite donc à travers son livre pour des formations courtes en alternance à destination de demandeuses d’emploi, qui se verraient proposer des embauches directes. Pour le passage à l’an 2000, ou la mise en conformité Euro, le monde bancaire avait ainsi formé des dizaines de milliers de profanes en informatique. L’urgence affichée de la mixité sera-t-elle aussi sérieusement prise en considération que l’a été l’urgence financière ?