Ce titre, annonçait l’article publié dans Monde du travail libre, journal de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL). Sous l’égide de la CISL, une mission d’experts syndicaux a publié un rapport sur Bhopal en 1985. La FUC-CFDT a largement contribué à ce travail et à la diffusion des conclusions qu’il contenait. La transparence, la conception et l’opération, la sécurité, le droit des syndicats, le droit à l’information, la responsabilité, notamment dans les sociétés multinationales, étaient abordés. Les recommandations d’alors sont toujours d’actualité !
En France, 16 ans après, où en est-on ? La sécurité « réglementaire » a incontestablement avancé, de nombreux arrêtés et circulaires ont été publiés. Pour la sécurité « active », du chemin reste à faire et les embûches sont nombreuses. Le dieu « technique » ignore toujours les opérateurs de terrain. Les détecteurs de fumée, les extincteurs automatiques sont utiles mais ne suffisent pas à assurer la sécurité d’un site.
L’organisation de l’opération, de l’entretien, de l’intervention d’urgence, la conception des unités, les budgets qui y sont consacrés sont essentiels. L’intervention syndicale dans ces domaines se heurte au pouvoir patronal et à la superbe des pouvoirs publics. Combien de CHSCT participent à des enquêtes sur incidents ? Combien de CHSCT participent à une analyse approfondie de la gestion d’incidents permettant de tirer des enseignements sur les pratiques bonnes ou mauvaises ? Combien d’entreprises assument pleinement une participation réellement active des opérateurs à la sécurité ?
La négociation de l’organisation du travail n’est toujours pas ouverte ! Manque de volonté, de compétence ? Atteinte au pré carré patronal ? C’est le point le plus sensible de l’orgueil d’un dirigeant d’entreprise, mais avons-nous pris tous les moyens de forcer la négociation ? Pas sûr. Négocier l’organisation du travail, c’est prendre le partage d’une responsabilité que beaucoup préfèrent ne pas assumer. Vouloir vivre dans une société développée et démocratique c’est en accepter les agréments, mais aussi les contraintes. Les équipes syndicales doivent se former à cette négociation porter la revendication avec les salariés. Investir dans une industrie à risque est aussi une responsabilité qui doit être pleinement assumée. Celle-ci doit être transfrontalière, le droit international doit y veiller.