En milieu de matinée, vendredi 21 septembre, l’usine Grande Paroisse de Toulouse a été ravagée par une explosion de grande ampleur causant des dégâts dans une grande partie de l’agglomération toulousaine.
Dès l’après-midi de ce jour, notre fédération s’exprimait par un communiqué de presse intitulé « Une explosion inexpliquée et des morts de trop ». Nous exprimions notre solidarité avec toutes les victimes et posions des questions sur les causes de la catastrophe en soulignant les responsabilités du patronat et des pouvoirs publics sur le fond.
Une cellule de crise
Le samedi 22 septembre, une cellule de crise CFDT s’est tenue toute la journée à Toulouse, en présence des délégués des trois usines chimiques directement concernées, du syndicat, de l’Union régionale interprofessionnelle, de l’Union départementale de Haute-Garonne et deux secrétaires fédéraux de la FCE.
La cellule demandait la convocation de CHSCT extraordinaire sur chacun des sites, décidait d’organiser la coordination de l’action CFDT au sein des trois CHSCT. Un comité de coordination était mis en place au niveau du syndicat avec l’organisation d’une permanence au siège du syndicat FCE et de l’Union départementale. La cellule de crise décidait aussi que les quatre organisations CFDT (syndicat, fédération, Uri et UD) se porteraient partie civile, afin d’avoir accès au dossier et défendre au mieux les intérêts des salariés et de nos adhérents. Enfin, un compte CCP était ouvert à l’UD afin d’organiser la solidarité.
Le dimanche 23 septembre, sur le site de l’usine Grande Paroisse, une première rencontre avait lieu entre les secrétaires fédéraux et le directeur général de la société Grande Paroisse.
Le lundi 24 septembre, la FCE et l’Uri Midi-Pyrénées, dans un communiqué de presse commun, demandaient l’organisation d’une table ronde avec les pouvoirs publics, les élus, les organisations syndicales et les entreprises concernées, afin de discuter des questions liées à l’activité et l’avenir du complexe chimique sud toulousain. Une lettre en ce sens était envoyée au préfet de région. Deux militants du secteur Travail santé environnement de la fédération venaient participer pour toute la semaine à l’organisation de la coordination interne au syndicat.
Le mardi 25 et mercredi 26 septembre, avec l’aide de deux secrétaires fédéraux responsables de la branche chimie et du secteur Travail santé environnement de la FCE, un premier travail d’enquête de la CFDT est mené pour essayer de comprendre les causes d’un tel accident. Une visite du site et des entretiens avec les militants et les adhérents sont organisés.
Ce même mercredi, un communiqué de presse de la FCE intitulé « Manœuvre autour d’une catastrophe » exprime le refus de notre fédération de voir quelques politiques instrumentaliser la situation afin de mieux cacher leurs propres responsabilités en matière d’urbanisation.
Vers le risque zéro
Le jeudi 27 septembre, l’éditorial de l’hebdo de la FCE titré « Inacceptable » définit clairement la position de la FCE en articulant nos exigences sur le fonctionnement interne des entreprises pour tendre, en permanence, vers le risque zéro et la prise en compte de l’environnement et des populations, afin de mieux concilier l’efficacité économique, la justice sociale et la viabilité écologique.
Le mardi 2 octobre, une assemblée générale des adhérents FCE de Haute-Garonne est organisée en présence de la fédération et de l’Uri pour faire le point de la situation, permettre l’expression des vécus, des attentes personnelles et tracer les perspectives d’action du syndicat pour les semaines à venir.
Ce même jour, la fédération a écrit au Premier ministre, afin de demander l’organisation d’une rencontre entre la FCE et les ministères compétents. Il s’agit de préparer le large débat public national et territorial concernant l’avenir des industries chimiques à risques en intégrant l’élaboration du livre blanc européen pour une stratégie sur les substances chimiques.
L’hebdo de la FCE du 4 octobre dans son éditorial reprécise la conception qui est la nôtre du lien entre risques industriels et pratiques syndicales.
Le vendredi 5 octobre, en réponse à notre lettre, une première rencontre à lieu au ministère du travail, Dominique Olivier et Adria Houbairi secrétaires fédéraux y participaient. Elisabeth Guigou a d’abord rappelé que deux directives européennes sont en cours de transposition l’une concernant les substances chimiques l’autre les explosifs. Elle a ensuite insisté sur l’importance de la chimie en France. La ministre du travail a indiqué que la sécurité des salariés et celle des populations ne s’opposaient pas. Quelle que soit la localisation des sites, la sécurité des salariés, de même que la protection de l’environnement, doit être assurée et le rôle des acteurs renforcé.
Lier risques professionnels et risques industriels
Ce décor ainsi planté a permis à notre délégation d’insister entre autres sur le lien à faire entre risques professionnels et risques industriels. Les prérogatives des IRP sont trop limitées voire inexistantes, de même que sont insuffisantes voire inexistantes les coopérations entre les administrations, telles que les inspections du travail et les Drire*, sur l’analyse a priori des risques qui n’existe pas aujourd’hui et qui demande à évoluer vers une démarche de type sûreté nucléaire, enfin sur les moyens du CHSCT à élargir et à utiliser pleinement.
Enfin, mardi 9 octobre, une table ronde a été organisée à Toulouse par le président du Conseil économique et social dont il en ressort la nécessité pour les organisations syndicales d’agir pour préserver l’existence même d’une industrie chimique dans le bassin toulousain.
Ce bref récapitulatif de l’action globale de la FCE doit aussi intégrer les réunions des CHSCT des CE et CMP ou CCE dans toutes les entreprises touchées directement ou indirectement par la catastrophe de Toulouse.
Ces réunions ont permis de poser les exigences CFDT pour que les salariés, après avoir été victimes, dans leur chair, de l’explosion, ne soient pas victimes une seconde fois dans leur emploi. L’exemple de Bioland dans l’article suivant montre la nécessité d’une vigilance syndicale forte. Enfin, le hasard de la tenue d’une session de recherche de notre comité directeur fédéral sur le développement durable durant toute la semaine du 1er au 5 octobre, démontre, s’il en était besoin, l’adéquation profonde entre notre action syndicale de tous les jours dans les entreprises et la politique revendicative découlant des orientations adoptées à notre dernier congrès fédéral.
* Drire : Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement.
Triste bilan
29 victimes décédées des suites de la catastrophe de Toulouse dont 10 salariés de Grande Paroisse. 13 autres salariés d’entreprise extérieures sous-traitantes sont parmi les personnes décédées, soit 23 salariés morts sur le site de Toulouse. Les 6 autres victimes décédées sont originaires d’EDF, Speedy Brossette, SNPE, plus un lycéen : triste bilan auquel s’ajoutent des milliers de blessés dont une centaine très gravement.