Nos partenaires

A la une

TROUVEZ LE SYNDICAT LE PLUS PROCHE DE VOUS

SPECIAL TOULOUSE : Aux actes, citoyen Desmarest !

C'est la première fois que nous subissons un accident industriel dont les effets, terribles pour les salariés qui paient le tribut humain le plus lourd, frappent aussi la population de toute une zone urbaine qui se trouve dévastée.

La catastrophe de l’usine AZF à Toulouse est d’une ampleur et d’une gravité jusque-là jamais atteintes dans notre pays.

C’est la première fois que nous subissons un accident industriel dont les effets, terribles pour les salariés qui paient le tribut humain le plus lourd, frappent aussi la population de toute une zone urbaine qui se trouve dévastée. La révolte et la tristesse à la pensée des victimes nous commandent de comprendre ce qui s’est passé.

Sécurité industrielle : plus et mieux
Or, les causes du drame restent encore aujourd’hui non établies. Accident ou acte de malveillance ? La clarté doit être faite. Mais quels que soient les résultats de l’enquête, l’exigence de faire plus et mieux en matière de sécurité industrielle s’impose à tous.

Rudement mise en cause, la profession est la cible de condamnations définitives. C’est pour partie le résultat de la brutale prise de conscience d’une menace d’autant plus crainte et dénoncée qu’elle était mal appréciée.

L’industrie n’est pas seule responsable de cette situation. La culture dominante dans notre pays est celle de l’occultation des risques, au nom des intérêts économiques à court terme et de la “sérénité” publique. C’est ainsi qu’une autorité pouvait affirmer que le nuage radioactif de Tchernobyl s’arrêtait respectueusement à nos frontières. L’amiante a été utilisé durant des décennies et la pollution des nappes phréatiques se poursuit en Bretagne et en Beauce sous la pression de l’agriculture intensive.

Mais si l’émotion et le sentiment que tout n’est pas dit sur les dangers expliquent bien des emportements, ils ne peuvent tout justifier.

Une industrie au milieu de nulle part ?
Il en est ainsi des expressions de dédouanement d’élus locaux et de responsables politiques qui font mine de découvrir aujourd’hui les effets de choix d’urbanisation qu’ils ont, hier, autorisés.

Ainsi des thèses de collectifs qui surfent sur les peurs et les inquiétudes légitimes pour promouvoir leur refus de notre type de développement, sans afficher d’alternative. Plus jamais ça ? Bien sûr ! Mais comment ? Il est invraisemblable d’entendre les uns et les autres prôner la délocalisation des usines sans plus de réflexion. Si l’enclavement urbain aggrave les risques, chacun sait qu’il est illusoire de vouloir installer une industrie et ses salariés au milieu de nulle part. Où se ferait d’ailleurs la nouvelle implantation et pourquoi les risques rejetés ici seraient-ils acceptés là-bas ? Sauf à imaginer de les reporter sur d’autres peuples de la planète que la pauvreté et l’oppression rendraient moins regardants et plus dociles !

Il n’est pas non plus acceptable de laisser dire que les entreprises de la chimie sont dirigées par des prédateurs et servies par des incapables. Les salariés sont restés à leur poste avec courage et professionnalisme, pour mettre en sécurité les installations et éviter une catastrophe plus grande encore.

Des produits au cœur de notre quotidien
Il n’y a pas de sens à diaboliser une industrie dont la place dans notre économie est très importante et dont les produits sont au cœur de notre quotidien qu’ils rendent plus facile, plus confortable et parfois simplement supportable. Médicaments, textiles intelligents, carburants propres par exemple, proviennent de l’industrie chimique qui ainsi, participe aussi à la sécurité et… à la vie.

Dire cela n’est pas exonérer la chimie de ses propres limites. La chimie, comme d’autres industries à risques, a, ces trente dernières années, fait des efforts très importants en matière de sûreté des installations et de respect de l’environnement. Des sommes considérables ont été consacrées à ces actions.

Mais dans le même temps, la domination d’une gestion des entreprises par les coûts s’est traduite par une baisse permanente des effectifs, l’affaiblissement des moyens consacrés à la sécurité et le resserrement des budgets affectés à l’entretien et à la maintenance. Le développement de la sous-traitance et de l’externalisation des tâches et fonctions est venu compliquer l’organisation du travail et les fonctionnements réguliers. Et les contradictions ne s’arrêtent pas là.

Le syndicalisme tenu à l’écart
Revendiquant de prendre sa place dans la dynamique de sécurité, le syndicalisme a été tenu à l’écart de l’engagement de progrès (responsible care) pris par la profession au début des années 90. Le patronat de la chimie a toujours refusé que la sécurité industrielle fasse l’objet d’un état annuel et de négociations portant sur les objectifs et moyens.

Actuellement, le patronat européen de la chimie mène une action de lobbying pour limiter la portée et retarder l’application du livre blanc européen qui vise à répertorier les produits chimiques commercialisés en Europe et à recenser leurs risques.

Autant dire que le changement d’attitude indispensable demandera une véritable détermination. Les propos de Thierry Desmarest, président de TotalFinaElf, marquent une évolution qu’il lui faut traduire en actes. Il lance à la profession un appel au mouvement qu’elle doit entendre. Nous l’y aiderons !

Il s’agit d’ouvrir une nouvelle page de la sécurité industrielle avec tous les acteurs concernés : patronat et syndicats de la chimie mais aussi autorités, élus et associations locales de l’environnement des sites à risques.

Ouvrir la négociation sur la sécurité, informer au-delà de l’entreprise sur ses réalités industrielles, développer la concertation territoriale, dans le cadre plus large d’une stratégie européenne, tel est le programme.

C’est ainsi que sera assuré l’avenir des industries dangereuses et de leurs emplois dans nos pays développés et améliorés la sécurité de tous et le respect de l’environnement. Il n’y a pas plus d’industrie que de progrès sans risques. L’accepter, c’est déjà franchir un pas vers le risque zéro.

Par Jacques Khéliff,
secrétaire général de la fédération cfdt chimie énergie.

À LIRE AUSSI

Le parcours militant / parcours gagnant comment la FCE-CFDT décide d’accompagner ses militants
Send this to a friend