Les 9 et 10 octobre, la FCE a participé à un colloque sur le rôle et la place du travail des femmes et des hommes dans la qualité et la sûreté du nucléaire.
La démarche tendant à réduire l’intervention humaine en ajoutant des automates, repérer et éliminer les principales sources d’erreur humaine, limiter l’initiative des opérateurs par la mise en place de procédures et de règles censées couvrir tous les cas de figures possibles a atteint ses limites.
La FCE pense que les femmes et les hommes jouent un rôle essentiel dans la sûreté. Le remarquable talent d’investigation des équipes de conduite et de maintenance explique le niveau de sûreté exceptionnel obtenu pour des systèmes aussi complexes. Pour progresser encore en matière de sûreté, il faut reconnaître à sa valeur le rôle des individus, des collectifs de travail, et s’appuyer sur leur expérience. Des événements imprévus surviennent qui impliquent une interprétation et un jugement de la part des équipes. Cela montre, à l’évidence, l’importance de la place de l’Homme dans les procédures. Il faut donc redonner leur place aux femmes et aux hommes dans la sûreté, ou plutôt la leur reconnaître.
Le renforcement des collectifs de travail sur un site est essentiel pour garantir une sécurité des installations et des salariés de haut niveau. La rigueur dans l’organisation et la qualité des relations du travail constituent deux des aspects essentiels de la sûreté. La qualité des ambiances de travail et la reconnaissance des personnes sont indispensables à la qualité de l’investissement individuel et de la communication dans les collectifs. Travailler, ce n’est pas seulement accomplir des actes techniques, c’est aussi faire fonctionner le tissu social et les dynamiques intersubjectives. Or, cette construction est compromise par la flexibilité et l’intensification du travail. Il n’y a plus de lieu et de temps pour échanger. Enfin, la fracture sociale et culturelle entre salariés permanents du noyau stable de l’entreprise et salariés des entreprises sous-traitantes (a fortiori lorsqu’ils sont précaires) renforce l’éclatement des collectifs de travail. Dans ce contexte, les représentants du personnel se trouvent face à une absence de lieu et de temps pour débattre. Choisie pour son moindre coût, la sous-traitance doit pourtant effectuer la même activité, avec la même qualité et une meilleure productivité. Cette logique économique atteint ses limites lorsque les exigences de qualité et de sûreté atteignent un niveau très élevé. Ce qui est certain dans cette logique, c’est qu’elle reporte le coût social hors de l’entreprise (niveau socio-économique plus bas des salariés sous-traitants) et qu’elle externalise les risques en matière de santé au travail. L’utilisation excessive de la sous-traitance induit des pertes de compétences sur les parties du travail sous-traitées.
Pour la FCE, un diagnostic des activités et des compétences nécessaires au bon fonctionnement d’un site doit donner lieu à une concertation avec les représentants du personnel sur la reconnaissance du savoir-faire et sur la gestion collective du risque industriel majeur.