La France reste l’un des seuls pays de l’Union européenne à n’avoir pas ratifié même une seule des Conventions internationales sur la santé et la sécurité au travail adoptées depuis 1980 par l’Organisation internationale du Travail (OIT). Et ce, au prétexte que les lois en France intègrent déjà les dispositions contenues dans ces textes… Mais les législations les plus ambitieuses et les plus cohérentes ne suffisent pas toujours à traduire dans les faits une amélioration concrète des problèmes.
La prévention de la santé et de la sécurité au travail a déjà donné lieu à un grand nombre de directives communautaires.Pour autant, la Commission européenne a élaboré une nouvelle stratégie communautaire pour les années 2007 à 2012 autour de ces questions. Après en avoir fait une lecture critique, la Confédération européenne des syndicats (CES) voit cette stratégie comme une seule suite de bonnes intentions, sans objectifs précis.
Pour la CFDT, la santé et la sécurité au travail doivent devenir des thèmes de négociation collective, dans toutes les branches et toutes les entreprises. Les enjeux sont connus et considérables. Ils sont humains, économiques, et financiers. Mais pas seulement. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé est aussi un état de bien-être physique, psychique et social.
Face à l’intensification constatée des charges de travail, à la précarisation croissante des contrats de travail, à l’évolution des formes de management, le syndicalisme doit mettre son expertise en avant pour lutter de façon significative contre les inégalités sociales et la dégradation accélérée des conditions de santé et de sécurité des travailleurs.
Car, alors que l’espérance de vie s’allonge en France, l’écart entre celle d’un cadre et d’un ouvrier reste encore de huit ans. Chaque année, ce sont aussi 35 000 maladies professionnelles qui sont déclarées. Les troubles musculo-squelettiques (TMS), dont le nombre a été multiplié par trois en dix ans, constituent aujourd’hui le premier motif d’invalidité avant 45 ans. Enfin, un accident du travail sur deux concerne un salarié dont l’ancienneté dans l’entreprise est inférieure à deux ans. Bref, négocier la santé et la sécurité au travail devient une impérieuse nécessité.
La Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail, fêtée le 28 avril, est là pour nous le rappeler. Elle nous donne l’opportunité de sensibiliser les salariés, les directions d’entreprise, et les politiques du monde entier à ces questions. Dans son prolongement, la FCE-CFDT a d’ores et déjà prévu d’organiser, dans le dernier trimestre de l’année, une rencontre nationale de ses militants et de ses élus, autour de ces thématiques. Ce sera l’occasion de croiser, entre les experts du domaine et les équipes syndicales, les points de vue et les récits des situations vécues, dans le but de renforcer la prise en charge syndicale de la santé et de la sécurité au travail.