Où en sommes-nous du retrait des éthers de glycols en milieu professionnel ?
Le marché européen des éthers des glycols (EG) représente actuellement 400 000 t/an. Ces molécules, dont la principale propriété est d’être soluble aussi bien dans l’eau que dans les graisses, les rendent incontournables dans des secteurs aussi divers que l’imprimerie, la cosmétique, les peintures, les produits d’entretien, l’aéronautique ou la fabrication de circuits électroniques.
L’exposition à certains de ces EG sur une courte période peut provoquer des malformations de l’embryon et une baisse de la fertilité si elle est persistante. Des études internationales récentes (Etats-Unis, Tchécoslovaquie, Taiwan ) ont mis en évidence la nocivité et le pouvoir cancérogène probable d’une molécule supplémentaire : le diéthylène glycol butyl éther (DGEBE).
Parmi les sept molécules dérivées de l’éthylène glycol (série E dite éthylénique) qui ont été classées toxiques pour la reproduction, cinq sont toujours commercialisées. La prévention la plus efficace serait la substitution de ces composés par des dérivés moins toxiques de la série des propylènes glycol (série P), mais cela n’est pas toujours possible, notamment pour des raisons techniques avancées par les fabricants (retour au benzène !). D’autre part, cette série P doit également faire l’objet d’études sanitaires complémentaires car la preuve de sa totale innocuité n’a pas été établie avec certitude.
Bien que les risques concernant les consommateurs soient de plus en plus pris en considération, le problème de l’exposition des salariés reste entier. Pour cette dernière raison, et en conformité avec l’application du principe de précaution, le collectif éthers de glycol dont fait partie la FCE avait demandé officiellement en février 2002 au ministère de tutelle l’interdiction d’utilisation en milieu professionnel des EG les plus toxiques.
Ne souhaitant pas prendre de décision dans l’immédiat, l’administration avait proposé d’organiser rapidement une table ronde entre les différents partenaires, sans écarter l’éventualité d’une interdiction à l’issue de celle-ci.
Cette table ronde a eu lieu le 2 mai 2002, mais seules des informations scientifiques dans le domaine de la connaissance de la toxicité de ces produits ont été présentées au collectif. La question du retrait des EG les plus toxiques n’était plus à l’ordre du jour !
Consciente de l’enjeu plus global de la gestion du risque chimique et considérant que la sécurité ne doit pas s’arrêter à la porte des entreprises, la FCE ne se laissera pas déstabiliser sur un sujet aussi important que la protection de la santé des salariés et continuera d’exiger l’interdiction des EG de la série E.