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SANOFI-AVENTIS PORCHEVILLE : une lutte « exemplaire »

Le 30 juin 2009 restera une date de sinistre mémoire pour les 223 salariés et les représentants du personnel du site de recherche & développement de Sanofi-aventis de Porcheville. ..

Le 30 juin 2009 restera une date de sinistre mémoire pour les 223 salariés et les représentants du personnel du site de recherche & développement de Sanofi-aventis de Porcheville. Ce jour-là, une phrase dans la présentation du projet de restructuration de la R&D au comité central d’entreprise (CCE) de Sanofi-aventis R&D, faisait l’effet d’une bombe : « pour les sites de Porcheville et d’Alnwick (au Royaume Uni), pourront être envisagés spin-off, cession ou reconversion des sites ».

En pratique, il s’est vite avéré que seule la piste de la cession totale de ces deux sites a été réellement étudiée. Certes, des inquiétudes sérieuses pesaient depuis près de deux ans sur la poursuite de l’activité du Développement Chimique à Porcheville, mais il était plutôt envisagé un regroupement de cette activité sur les sites de Vitry ou de Montpellier. Les salariés concernés avaient été approchés par leurs hiérarchies pour se positionner sur l’un ou l’autre de ces sites. De plus, les salariés et les élus de l’activité Sécurité du Médicament ne ressentaient pas d’inquiétude particulière quant à leur avenir immédiat et tous étaient loin d’imaginer une cession.

L’absence totale de dialogue et d’anticipation, avant cette annonce brutale et unilatérale, a été vécue comme une trahison, une humiliation et un manque de respect à l’égard des salariés. Les raisons invoquées pour justifier ce projet de vente sont des prétendues surcapacités au niveau mondial dans les activités précliniques. En réalité, celles-ci résultent, pour une grande part, des révisions drastiques du portefeuille impulsées à son arrivée par Chris Viehbacher, nouveau Directeur Général du groupe. De plus, la direction de Sanofi-aventis ne cache son objectif d’externaliser une part importante de ses études précliniques, pouvant aller jusqu’à 30%, notamment vers les pays de l’Asie-Pacifique. Aujourd’hui, soit 9 mois après l’annonce, le nom du repreneur n’est toujours pas connu mais l’inquiétude reste prégnante parmi les salariés. En effet, la seule certitude est que ce repreneur potentiel sera un centre à façon étranger qui pourrait mettre la clé sous la porte sans états d’âme en cas de difficultés économiques au bout de quelques années, comme c’est malheureusement souvent le cas dans ce type d’opérations. De plus, la restructuration drastique de l’industrie pharmaceutique n’est pas sans causer des dégâts dans les sociétés sous-traitantes.

Face à ce projet de cession, les salariés et les organisations syndicales CFDT et CFTC de Porcheville se sont rapidement mobilisés et ont réussi à attirer l’attention des pouvoirs publics et des médias, ce qui a conduit le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, à se rendre sur le site le 5 août, pour garantir qu’en tout état de cause, le centre de recherche ne serait pas fermé. Pendant la campagne des élections régionales, Valérie Pécresse et Jean Paul Huchon, candidats à la présidence de la Région Ile-de-France, ont apporté leur soutien aux salariés et sont intervenus auprès de la direction générale du groupe Sanofi-aventis. Il en est de même du nombre d’élus locaux de tous bords, inquiets, à juste titre, de voir une société de la qualité de Sanofi-aventis se retirer du bassin d’emplois de la région Seine-Aval, déjà durement touché par la crise, notamment dans le secteur automobile.

Surtout, dès l’été 2009, les salariés de Porcheville ont entrepris, avec le soutien des élus CFDT, une réflexion sur un projet de développement des activités de leur site à même de répondre à la question des surcapacités et de garantir la pérennité à moyen/long terme du site. Un groupe de travail, rassemblant des représentants du personnel et des scientifiques, a élaboré un projet de diversification du site vers trois pôles d’activités (voir schéma) :

– la Santé Humaine (PSH), en faisant de Porcheville un centre de toxicologie au service de toutes les divisions du groupe, notamment Sanofi Pasteur qui sous-traite nombre de ses études précliniques à l’externe ;

– la Santé Animale (PSA), en effectuant des études pour Mérial, filiale à 100 % de Sanofi-aventis, et en développant des produits de santé humaine pour la médecine vétérinaire ;

– la Santé Environnement, en établissant à Porcheville une plateforme d’évaluation des substances chimiques dans le cadre de la directive Reach, en participant à l’évaluation toxicologique des rejets dans l’environnement et en mettant précocement au point des voies de synthèse propres des principes actifs (chimie verte).

Les pôles Santé Humaine et Santé Animale seraient applicables immédiatement compte tenu des techniques et expertises disponibles sur le site. Le pôle Santé Environnement monterait progressivement en puissance au fur et à mesure de l’entrée en vigueur des diverses réglementations en matière environnementale. Les salariés et les élus CFDT, à l’initiative du projet, sont convaincus que cet axe, particulièrement novateur, serait bénéfique à long terme pour le groupe Sanofi-aventis, démontrant son implication sur les problématiques de santé liées à l’environnement et de développement durable. Ils soulignent que le projet des salariés s’inscrit pleinement dans le nouveau modèle de R&D prôné par Sanofi-aventis et la plupart des Big Pharmas : ouverture sur l’externe, diversification des activités, développement des partenariats public/privé et innovation ouverte.

Pour autant, le groupe Sanofi-aventis refuse de revenir sur sa décision et maintient son projet de cession des sites de Porcheville et d’Alnwick. Tout au plus a-t-il proposé une expertise du projet alternatif des salariés qui est en cours. La Direction affirme pouvoir entrer dans une négociation exclusive avec un repreneur identifié avant la fin du deuxième trimestre 2010. Une procédure d’information et de consultation spécifique du comité central d’entreprise et du comité d’entreprise aurait lieu dans ce cas. Si cette option se confirmait, la FCE-CFDT entend bien négocier avec fermeté pour obtenir des modalités sociales de cession à la hauteur d’un groupe comme Sanofi-aventis, premier bénéficiaire du CAC 40 avec plus de 8 milliards d’euros de bénéfices en 2009. Elle s’attachera à obtenir des garanties fortes de maintien du statut collectif des salariés, après cette cession. La FCE-CFDT estime que l’impact émotionnel suscité par l’annonce de ce projet a eu des conséquences très lourdes sur la vie personnelle et la santé des salariés de Porcheville. Une correcte indemnisation ne serait que justice.

PORCHEVILLE EN BREF…

Au 30 juin 2009, le site de Porcheville employait 223 salariés, répartis entre trois grandes activités :

– Sécurité du médicament (DSE) : environ 100 salariés
– Développement chimique et sciences analytiques : environ 70 personnes.
– Fonctions supports (services techniques et généraux, informatique, RH, qualité…) : environ 50 personnes.
De plus, 50 personnes étaient employées par des sociétés sous-traitantes en permanence sur le site.
Le personnel est jeune (moyenne d’âge des salariés de 42 ans) et qualifié.
Le site dispose d’un potentiel de croissance important (capacité d’accueil de 400 personnes) et d’installations performantes et récentes.

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