A EDF, Philippe Pesteil est administrateur représentant les salariés depuis 2004. Il mène la liste parrainée par la FCE, pour renouveler son mandat aux élections du conseil d’administration de mai 2009. Alain Beullier, parrainé par la FCE, a été élu en décembre dernier comme administrateur dans le collège salarié du conseil d’administration de GDF SUEZ
Comment appréhendent-ils leur mandat ? Qu’en attendent-ils ? Interview.
Alain : Tu es administrateur salarié à GDF SUEZ depuis moins de six mois. Comment vis-tu ton nouveau mandat ? Un nouveau mandat certes mais aussi une nouvelle entreprise. Issu d’EDF/GDF, je suis imprégné de la culture du service public, culture que je souhaite faire partager au conseil d’administration de GDF SUEZ.
J’identifie particulièrement un obstacle à franchir pour mener une action satisfaisante au sein du Conseil d’administration (CA). Il s’agit de l’isolement car mes anciennes responsabilités syndicales reposaient sur des pratiques collectives de section alors que ce mandat repose plus sur un travail solitaire dû à la confidentialité imposée. Solitude aussi renforcée du fait que chez GDF SUEZ, le nombre d’administrateurs a été réduit de moitié par rapport à Gaz de France.
Je dois donc me former dans les domai-nes financiers et économiques pour exercer pleinement mon mandat. Et cela rapidement. Car les salariés attendent de moi, que je défende leurs intérêts au mieux avec la qualité et la réactivité nécessaire.
Comment vois-tu ton action au sein du CA de GDF SUEZ ? Une action aux multiples facettes telles que veiller à la bonne gestion de l’entreprise et à sa croissance, veiller à l’implication du groupe dans le développement durable et à la bonne application des chartes responsabilité sociale et éthique et enfin veiller à ce que les choix stratégiques du groupe préservent l’intérêt des salariés.
Pour remplir au mieux mon mandat et dans les limites imposer par la confidentialité des dossiers, je souhaite m’entourer d’avis et de conseils de la part des militants de la CFDT. Mes interventions au conseil d’administration doivent être en cohérence avec les réalités des salariés du groupe.
Philippe. Tu te présentes en tant qu’administrateur sortant aux élections du conseil d’administration d’EDF en mai prochain. Dans quel état d’esprit es-tu à la veille de ces élections ? Je suis assez serein face à ce nouveau défi. Les cinq années passées dans le Conseil d’administration d’EDF m’ont permis de voir qu’il est possible de créer un lien entre cette insta nce de décision et les salariés des entreprises concernées. Je me sens porteur de l’éclairage que les salariés me donnent par leurs expressions sur l’industriel et le social. J’ai envie d’aller chercher ou provoquer d’autres évolutions dans les décisions pour qu’elles leur soient plus favorables. Je veux continuer à mettre à la disposition de la CFDT l’expérience et les compétences que j’acquiers dans ce Conseil. Je suis finalement assez confiant pour engager cette campagne électorale.
Quel est pour toi le meilleur souvenir de ton mandat ? C’est indéniablement lorsque, pour la première fois en 2008, l’Inspecteur de la Sûreté Hydraulique est venu présenter son rapport annuel devant le Conseil et que ce document est enfin devenu public. J’ai su alors que ma bataille pour faire reconnaître la sûreté hydraulique au même niveau que la sûreté nucléaire était en partie gagnée. Mais plus généralement, cela prouve qu’avec de la persévérance, et un peu d’aide externe, il est possible pour un salarié de faire bouger les lignes dans un Conseil
d’administration.
Alain commence son mandat, que peux-tu lui conseiller ? Je lui souhaite tout d’abord bonne chance pour son mandat et bon courage pour le volume et la diversité du travail passionnant qui l’attend. Pour bien remplir sa mission, un administrateur doit être très ferme sur son indépendance d’esprit et d’analyse, et ce envers tout le monde. Il doit ensuite peaufiner ses arguments, les exprimer clairement et décider en toute conscience. Il doit, enfin et surtout, savoir rester très à l’écoute des salariés pour qu’ils puissent, par son intermédiaire, prendre leur place et faire entendre leur voix.
Philippe et Alain. Pour vous quelle est la mission majeure d’un administrateur salarié ? Sa mission première est d’être un administrateur à part entière. Mais un administrateur qui donnera au Conseil un éclairage différent, en appui sur des équilibres industriels et des perspectives sociales qui feront que les salariés seront bien dans leur travail, donc performants pour leur entreprise. Mettre l’humain au centre de la table, alors que c’est la finance qui occupe aujourd’hui cette place.
LE CONSEILD’ADMINISTRATION
Un conseil d’administration est l’instance dirigeante d’une entreprise ou d’un groupe. Les décisions prises dans cette instance relèvent quasi exclusivement des dirigeants plus ou moins contrôlés par des actionnaires.
Pour la FCE-CFDT, un autre modèle de gouvernance est nécessaire, fondé sur l’implication des différentes parties prenantes (clients, fournisseurs, sous-traitants, actionnaires, pouvoirs publics, usagers, consommateurs, ONG). Cela permettrait une gestion transparente, de la démocratie interne et feraient ainsi émerger de nouveaux instruments de régulation de l’économie de marché.
En cette période de crise, cela serait un signe fort et rassurant pour les salariés. Certaines entreprises de la branche des Industries électrique et gazière, pratiquent déjà aujourd’hui un mode de gouvernance élargie, leurs instances de décision (conseils d’administration ou de surveillance) étant composées de plusieurs collèges : celui des actionnaires, des personnes qualifiées, des dirigeants et des salariés.
ELECTIONS CONSEILD’ADMINISTRATION EDF
Dans la semaine du 13 au 19 mai, les salariés du groupe EDF doivent élire les 6 administrateurs les représentant au conseil d’administration d’EDF.
La liste parrainée par la FCE émet un message fort en direction des salariés « Prenez votre place, faites entendre votre voix ».
Les candidats s’engagent à relayer leurs préoccupations, leurs attentes, leurs propositions au sein du CA.
Argumenter pour convaincre, proposer des alternatives, peser sur les choix, afin qu’EDF devienne réellement le modèle social qu’elle affiche dans sa politique de communication mais qu’elle n’a pas dans ses actes.