Le congrès de la fédération européenne des retraités et personnes âgées (Ferpa) s’est tenu au printemps 2011. La FCE revient, avec « Retraité Militant », sur les moments importants de ce rendez-vous.

Après Bruxelles où s’était tenu son précédent congrès, la Ferpa avait choisi Venise pour tenir son 6ème congrès. Il s’est déroulé sous le thème « Une vie digne et solidaire pour les personnes âgées en Europe ».

Les suites de la crise économique
Un thème central particulièrement d’actualité au moment où la solidarité est mise à mal par les difficultés économiques et les choix des gouvernements. En effet, ces derniers tendent à favoriser les solutions individuelles. Elles seraient, affirment-ils, « plus responsabilisantes que les solutions collectives » plutôt porteuses de solidarité envers ceux qui sont le plus exposés aux difficultés ! Mais alors, comment respecter la dignité des hommes si l’on continue à fragiliser les plus vulnérables et à les contraindre à faire appel à l’assistance parce que leurs droits sont insuffisants ?

C’est devant plus d’une centaine de délégués issus de 39 organisations syndicales de retraités européens que Joseph Niemec, représentant la CES (confédération européenne des syndicats) a clairement situé les enjeux, soulignant que la crise commencée en 2008 montre qu’elle n’est pas terminée. « Face à l’accroissement des déficits publics, les gouvernements ont tendance à mettre en péril les modèles sociaux dans leurs pays respectifs. » Et Joseph Niemec de poursuivre alors à la tribune « Ce sont là des réponses insatisfaisantes. Il s’agit de réguler autrement le système financier et investir dans l’économie, ce qui permettra de préserver les conditions sociales ».

Au cours de ce congrès, c’est avec satisfaction qu’il a été noté la participation, même si c’était au titre d’observateur, d’un représentant des retraités de la région de Hambourg. Une participation qui laisse entrevoir la possibilité d’une adhésion des retraités allemands. Avec l’adhésion des pays nordiques, c’est la crédibilité de la Ferpa qui serait renforcée.

Les pertes d’autonomie
Une intervention de l’université de Louvain (Belgique) a porté sur une comparaison des systèmes d’aides à la personne en situation de perte d’autonomie dans les différents pays européens. C’est ce qu’on appelle en langage européen les soins de longue durée (Long term care). Cette étude s’appuie sur une classification des réponses en fonction de leur nature publique ou privée et de leur caractère formel ou informel. Le système de caractère formel regroupe à la fois une réponse de type prestataire et un degré de formation important du personnel. A l’inverse, celui de caractère informel est marqué, par exemple par le gré à gré ou le bénévolat. Pour l’universitaire qui intervenait « la France se caractérise par une place importante de la réponse privée alors que dans les pays scandinaves, tels la Suède et le Danemark, la réponse publique est forte avec une place importante de réponses formelles dans le secteur privé. »

Une Ferpa plus européenne
Les délégués au congrès ont adopté une motion finale longue de 16 pages. Elle aborde les objectifs pour le nouveau mandat. Différentes revendications y sont abordées sur la place des retraités dans la société, le droit à l’accès aux soins, le niveau des pensions de retraite, le droit à une vie digne et décente.
Il est a noter que les organisations syndicales françaises de retraités sont intervenues en commun pour insister sur la nécessité de reconnaître aux retraités le droit d’être des citoyens à part entière et sur la nécessité de reconnaître une place pour les retraités au sein de la CES. Pour cela, elles ont demandé que la CES reconnaisse à la Ferpa la même place que celle attribuée aux autres fédérations de salariés. .

La CFDT retraités a fait une intervention demandant une approche simultanée du développement économique et de la protection sociale. En effet, la protection sociale fait partie intégrante du statut social des retraités. Elle a conclu ses propos en demandant à la Ferpa de peser, avec la CES, sur les choix des gouvernements et de la commission européenne. Ils ne doivent pas s’intéresser seulement à la situation monétaire et aux perspectives économiques. « Ils doivent aussi s’intéresser aux hommes qui composent la société. La réponse à ce défi sera essentielle dans la construction européenne à laquelle nous sommes tous attachés. »