A l’heure où les Etats-Unis augmentent les droits de douane et où les plans sociaux se multiplient en Europe, la Commission européenne vient de publier sa feuille de route pour l’industrie, le « pacte pour une industrie propre ». Ce « plan pour la compétitivité et la décarbonation dans l’Union européenne » démontre que l’Europe sort enfin de sa naïveté et agit pour retrouver son autonomie stratégique. Mais est-ce suffisant ? N’est-il pas déjà trop tard ?
Dans l’ensemble de l’industrie, les entreprises alertent depuis plusieurs années sur les difficultés qu’elles rencontrent en matière de compétitivité. Ces difficultés se sont accentuées depuis 2022 avec la hausse des prix de l’énergie et le développement de la concurrence internationale induite par d’une part une baisse de la demande (secteurs automobiles et construction notamment) et d’autre part une augmentation de l’offre suite à la construction d’usines aux Etats-Unis, en Chine, mais aussi au Moyen-Orient.
L’industrie européenne peine donc à rester compétitive dans de nombreuses filières et les Plans de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) s’enchaînent. Rien que dans la branche Chimie, il y en a autant d’annoncés sur le premier trimestre 2025 que sur l’ensemble de l’année 2024 et ce n’est malheureusement que le début. Nombre de nos industries fonctionnent en chaîne : chaque site a besoin d’être fourni en matière première et fournit lui-même d’autres sites industriels. Lorsqu’un maillon casse, c’est toute la chaîne qui risque de s’effondrer : par exemple, une fermeture d’atelier entraine une perte de fournisseurs et/ou de clients. Rechercher un autre approvisionnement ou de nouveaux débouchés dans un contexte de forte concurrence internationale s’avère souvent difficile et coûteux. C’est aussi un argument fallacieux utilisé par certains industriels, pour fermer ou réduire l’activité et ce sont les salariés qui en payent les frais. Il y a urgence à réagir et défendre nos emplois pour maintenir l’industrie dans nos territoires !
Les pouvoirs publics mettent en avant la construction de nouveaux sites industriels dans le cadre de la transition écologique, comme les projets de giga-factory de batteries. Cependant, il ne pourra pas y avoir de réindustrialisation sans un tissu industriel de base, car ces projets auront besoin pour s’implanter et se développer d’avoir des fournisseurs et des clients industriels. Sans une volonté publique forte et un plan structuré territorialement, rien ne sera possible.
La FCE-CFDT agit pour défendre l’industrie. Les annonces du pacte européen pour une industrie propre vont dans le bon sens, mais la législation qui en découlera devra intégrer des éléments sociaux et les simplifications règlementaires ne doivent pas servir de prétexte à revenir sur des droits acquis en matière environnementale et sociale. La FCE-CFDT continue donc à porter sa vision d’une politique industrielle européenne avec IndustriALL Europe pour une industrie forte en Europe avec des emplois de qualité.