Le stockage de gaz naturel en France est opéré par deux seuls stockeurs, Storengy et TIGF, qui opèrent à eux deux 16 sites de stockage pour un total en énergie d’environ 134 tWh.
Ces capacités de stockage ont été dimensionnées depuis près d’un demi-siècle pour permettre de lisser la consommation de gaz naturel selon la saison. En été, les approvisionnements dépassent la consommation, le gaz est donc injecté en sous-sol. L’hiver c’est l’inverse, il est soutiré afin de passer les pointes de consommation, c’est la «respiration», la France ne disposant d’aucune source de production de gaz naturel.
Depuis l’ouverture des marchés, les règles commerciales ont changé, les fournisseurs de gaz naturel respectent de moins en moins leurs obligations de stockage, les contrôles des pouvoirs publics étant très irréguliers, voire inexistants, de plus les fournisseurs refusent de devoir provisionner du gaz et ainsi ajouter un coût à leur business.
Ces obligations sont importantes, car elles permettent de garantir le risque 2%, risque d’hiver froid et long tel qu’il n’arrive que 2 fois par siècle, comme en 2012.
Une solution à cela serait d’entrer dans le domaine « régulé ». La régulation des stockages permettrait d’assurer alors un revenu fixe aux opérateurs de stockage, prenant en compte leur coût réel, en échange de prix fixés par les pouvoirs publics, et de maintenir l’ensemble du parc en activité. Il serait assujetti en échange à des obligations fortes de remplir tous les stockages.
Aujourd’hui, 3 sites sur les 16 sont sous « cocon » – c’est-à-dire fermés mais pas démantelés – à cause des règles commerciales actuelles qui font que le business de stockage de gaz ne peut être rentable, obligeant les entreprises à fermer des stockages.
Malgré près de 2 ans de tractations entre l’ensemble des acteurs gaziers, y compris des traders, les pouvoirs publics et les organisations syndicales, le ministère de l’Environnement de l’Energie et de la Mer a fait machine arrière en août 2016, n’assumant pas de travailler autour d’une nouvelle contribution financière, pourtant indolore pour le consommateur final, dans le contexte électoral, en France.
Il faut retenir qu’un stockage perd de son efficacité au fil des années sans sa « respiration » injection/soutirage, et qu’au bout de 4 ou 5 ans il ne pourra redémarrer. C’est également la durée nécessaire à sa remise en route totale, du recrutement au passage du gaz en passant par les autorisations, etc.
Une mécanique dangereuse est donc enclenchée.Aujourd’hui, par exemple, Storengy n’a liquidé qu’environ 40% des capacités mises en vente, alors que durant l’hiver 2016/2017 ce volume avait été soutiré début janvier. Donc, par projection, ce niveau de stockage ne permettra pas de passer l’hiver 2017/2018. Il est aujourd’hui trop tard.
D’autant que cet hiver, c’est le gaz qui a permis à la production d’électricité de ne pas rencontrer trop de difficultés liées aux mises à l’arrêt d’une partie de son parc électronucléaire, les conséquences sont potentiellement inquiétantes.
Exigeons de la future équipe dirigeante de reprendre ses travaux et surtout d’aboutir à un système de régulation permettant à la France de fournir du gaz à ses ménages et à ses entreprises sans aucun risque de coupure.
La CFDT continuera son travail auprès du ministère, de la Commission de régulation de l’énergie et du Conseil supérieur de l’énergie afin que personne n’attende de toucher le fond pour remonter et que l’approvisionnement soit toujours assuré.