Le 9 mai est la Journée de l’Europe, elle commémore la déclaration de Robert Schuman (ministre français des Affaires Etrangères) qui, en 1951, proposait la mise en œuvre de la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier, d’où naîtra l’Union européenne. Elle devrait être l’occasion d’activités et de festivités qui rapprocheront l’Europe de ses citoyens et les peuples entre eux. Mais, face à l’horreur de l’actualité, aux milliers de migrants qui ont trouvé la mort en Méditerranée ces derniers mois, il est peu probable que ce soit un grand jour de fête.
Le bilan des 4 premiers mois de 2015 est tragique, environ 3400 personnes ont déjà perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée pour fuir la misère, la guerre et les persécutions. Ce rêve européen devrait encore animer environ 500000 hommes, femmes et enfants à tenter la traversée selon l’Organisation maritime internationale. Cette tragédie insupportable doit donc nous amener à réfléchir à nos responsabilités dans le monde. Pas plus que la France ne peut se positionner seule au sein de l’Union, l’Europe ne peut agir sans prendre en compte les continents et les peuples voisins.
Après deux naufrages terrifiants en une semaine causant 1100 morts, les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 Etats membres se sont réunis le 23 avril 2015, en Conseil européen extraordinaire, consacré à la crise des migrants en Méditerranée. Certes, l’indignation est louable mais l’Europe sera jugée sur ses actes. Elle doit au plus vite agir pour traquer les passeurs, principaux responsables de la mise en danger des migrants, ces trafiquants, marchands de rêve et de vie, doivent être pourchassés et condamnés. L’Europe doit s’engager d’une seule voix dans une véritable politique d’immigration et d’accueil, et soutenir le développement du continent africain. Le Conseil européen n’a pas à ce jour relevé ce défi.
Un projet difficile à mener car les politiques d’immigration nationales sont très hétérogènes et souvent sujettes à la démagogie et à la surenchère politique au plan national. Ces politiques sont aussi impactées par les systèmes d’intégration et la situation économique et démographique de chaque pays.
C’est un projet ambitieux qui s’offre à l’Europe car il implique l’unité et l’action de tous les pays membres pour une réorientation de la politique européenne
d’immigration et d’asile. Une initiative qui doit incarner les valeurs de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne : « L’Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité… »
Un projet essentiel pour réconcilier l’Europe avec les citoyens, réaffirmer la place d’une Union européenne humaniste et solidaire, partout à travers le monde.