Comment peut-on améliorer notre communication fédérale ? Onze étudiants de l’IUT de Sarcelles ont enquêté pour nous. Cela a constitué leur projet pédagogique de leur année scolaire (de septembre 2009 jusqu’en mars 2010). Ils ont mené deux grandes enquêtes, sur l’ensemble de notre communication. Une enquête d’image, pour analyser le degré de connaissance de notre communication et savoir comment elle est perçue. Une enquête de besoins, pour connaître les besoins et attentes de nos publics, ainsi que leurs préférences en fonction des différents moyens de communication. Vous avez été plus de 200 à être interviewés au téléphone. Le panel était représentatif de l’ensemble de nos publics, donc pas seulement des militants mais également des adhérents et des salariés. Des actifs mais aussi des retraités, issus de différents territoires, de toutes nos branches, de grands groupes ou de petites entreprises.
Alors, que nous apprend ce grand diagnostic partagé ? Les étudiants dissertent.
Dans l’étude d’image, les étudiants ont commencé par demander aux interviewés s’ils recevaient de l’information. Puis, ils se sont intéressés à comment ils la recevaient, et si les médias de transmission étaient efficaces. Ils les ont interrogés également sur la fréquence de l’information et si cette fréquence était satisfaisante. Ils les ont aussi questionnés sur la forme et le fond. L’information est-elle agréable à lire ? Le fond est-il facile à comprendre ? Utile ? S’en servent-ils individuellement et collectivement ?
Les résultats. Les informations sont trop générales ; les interviewés ont besoin d’informations plus précises sur la branche, davantage axées sur les métiers et la profession. Les interviewés sont pour la plupart satisfaits de la communication FCE. Ils la jugent utiles à 85 %, pour s’informer, connaître l’actualité, également négocier, informer les autres ou préparer des actions. Les médias les plus efficaces pour communiquer : les mails et les magazines. En effet, les interviewés disent recevoir de l’information surtout par les mails et les magazines, qu’ils jugent les médias les plus efficaces pour les informer. Ils sont très peu contactés par leur délégué syndical. Comment trouvent-ils d’autres informations ? Principalement en contactant le délégué syndical local (ce sont eux qui doivent faire la démarche) et en recherchant sur le site internet. Ils aimeraient que le délégué syndical vienne plus vers eux. Les étudiants nous recommandent de conjuguer les mails et le site internet pour amener les personnes à utiliser davantage le site internet quand ils sont à la recherche d’informations.
Dans l’étude des besoins, les étudiants ont recherché les besoins des interviewés en termes de communication, en distinguant les actifs et les retraités. Puis, ils les ont interrogés également sur les moyens de communication.
Les résultats. Il ressort un décalage entre les informations attendues et les informations communiquées par la FCE-CFDT. Les interviewés reçoivent des informations sur la vie syndicale, et la plupart attendent des informations juridiques. Les autres attentes sont différentes selon les populations. Les actifs souhaitent également des informations sur la réalité économique et sociale de leur secteur d’activité et sur la vie dans l’entreprise. Les retraités attendent des informations plus générales que centrées sur la seule population retraitée. L’un comme l’autre ont peu d’attente concernant la vie syndicale. Ils sont d’accord sur le fait que la FCE répond à leurs besoins en général. Le média le plus adapté pour communiquer est le site internet. C’est, en effet, ce dernier qui revient à chaque fois en première position, quel que soit le sujet traité. Les étudiants soulignent qu’autant les retraités que les actifs aiment le site internet. Ils nous recommandent de mieux équilibrer les informations entre vie syndicale et vie dans l’entreprise.
La FCE-CFDT s’ouvre au monde étudiant
Comment améliorer la communication de la FCE-CFDT ?
Pour répondre à cette question essentielle, la FCE-CFDT remet tout à plat. Elle décide d’élaborer une nouvelle stratégie de communication. Dans quel but communique-t-on ? Pour quel public ? De quoi a-t-il besoin ? Avec quels outils y répondre au mieux ? Tout est mis sur la table. ça serait bien qu’un maximum de personnes puisse nous faire part de ses attentes. Ainsi, nous aurons plus de chances de reconstruire quelque chose d’adapté, d’utile. C’est comme ça que l’idée notamment d’un grand diagnostic partagé sur l’ensemble de notre communication a germé. Cela n’a jamais été fait auparavant. Recueillir les avis pas seulement des militants, mais aussi des adhérents et des salariés. En bref, l’ensemble du public syndical. Cela non plus ne s’était encore jamais fait. Mais à qui faire appel pour réaliser ce diagnostic ? Et si on innovait là aussi ? Les orientations du dernier congrès fédéral de Clermont-Ferrand prônent l’ouverture de la FCE-CFDT à l’extérieur. Un bon moyen là de la mettre en œuvre. Nous souhaitons rajeunir notre communication. Pourquoi pas faire appel à des jeunes ? Cette idée colle bien avec notre volonté de toucher cette catégorie de la population. Un regard jeune, extérieur, pour notre communication ? Les jeunes communiquent différemment. ça semblait une bonne idée. Restait plus qu’à trouver un partenariat avec une école. Plusieurs pistes ont été lancées. Bertrand Rothé, professeur à Sciences Po mais aussi à l’IUT de Sarcelles, a tout de suite été intéressé par le projet : offrir un chantier de cette ampleur à ses étudiants de l’IUT, c’était du gagnant-gagnant. Et voilà comment a débuté notre partenariat avec l’IUT de Sarcelles. Une découverte réciproque, appréciée des deux côtés !
Interview des onze étudiants
Vous avez réalisé deux études pour la FCE : une d’image et une de besoins. Quelles recommandations nous faites-vous au final ?
Nous attirons votre attention sur trois choses importantes.
Nous vous conseillons de retravailler votre information. Tout d’abord, parler moins de la vie syndicale et davantage de la vie dans l’entreprise et la branche. Ensuite, des articles plus précis, moins généralistes. Enfin, augmenter les domaines techniques comme le juridique.
Nous vous préconisons le choix des médias modernes et interactifs : site internet et mails. Il conviendrait de valoriser le site internet en envoyant des liens hypertexte pour alerter sur de nouveaux articles. Cela permettra de réduire le papier. De même en envoyant des liens PDF au lieu d’envoyer des lettres. Ainsi, l’internaute choisira de garder ou non l’information.
Nous recommandons enfin plus de contacts interactifs. Utiliser le contact humain, du salarié vers le délégué syndical local mais surtout faire un travail du délégué syndical vers le salarié.
Une conclusion ?
Pour conclure, nous avons remarqué une nouvelle tendance. Les attentes militantes des adhérents (parler de vie syndicale) sont moins fortes. Les salariés, les militants,… expriment des exigences de clients. Nous avons l’impression que la FCE-CFDT est perçue comme un prestataire de services parmi d’autres. La FCE-CFDT a besoin de modernité. Il faut qu’elle utilise des moyens de communication modernes, c’est un enjeu d’image. Elle doit également utiliser des méthodes de gestion modernes, plus conviviales, pour retravailler le contact avec les salariés.
Qu’est-ce que cette collaboration avec la FCE-CFDT vous a apporté, à vous ?
Tout d’abord, la découverte du monde syndical. Pour nous, c’était une première expérience dans ce milieu. Nous avions une vision stéréotypée des syndicats : les manifestations, des gens avec ornières. Aujourd’hui, nous avons une vision plus approfondie et concrète du syndicalisme. Nous avons aussi appris à nous adapter à chaque personne interviewée, et acquis une aisance téléphonique. Ensuite, une autonomie et le travail en groupe. Le tout nous a permis de mener une étude et un projet professionnel à terme.
Et si c’était à refaire ?
Nous le referions sans hésiter. Mais nous avons des idées de ce que nous souhaiterions faire
différemment. Nous aimerions interroger plus de personnes, être en contact direct avec la FCE-CFDT sans passer systématiquement par notre professeur, et retravailler le questionnaire pour l’approfondir davantage.
Quand on s’est rencontré la première fois en septembre pour vous « Présenter la CFDT en quatre heures », nous nous étions quittés sur une question de votre part : le fait de travailler pour une organisation syndicale peut-il nuire à ma carrière ? Avez-vous trouvé des éléments de réponse depuis ?
Oui, nous y avons réfléchi et nous sommes tous d’accord, le fait de travailler pour une organisation syndicale ne va pas nuire à notre carrière. C’est une expérience enrichissante au niveau professionnel et humain. Nous avons eu l’occasion de présenter notre travail à nos journées portes ouvertes à l’IUT, et nous avons eu beaucoup de succès.