Le conseil de l’UFR-FCE du 27 janvier 2010 a mis en débat cette question de la place des retraités dans la CFDT. Pour y répondre, elle a fait appel entre autres à Yann Journé, secrétaire confédéral CFDT, chargé entre autres du suivi des retraités et de la FCE.
Quelle est la place des retraités dans la CFDT ? Ce débat ne date pas d’aujourd’hui : il est le fruit de plusieurs décennies d’évolutions. Ces évolutions ne sont pas venues d’un coup de baguette magique lié à telle ou telle de nos positions revendicatives, en particulier sur les retraites. Ces évolutions sont la suite logique d’un long cheminement pour permettre aux retraités CFDT de prendre toute leur place dans l’organisation, mais aussi dans la société.
C’est en mai 1946 qu’est créée « l’association française des vieux travailleurs CFTC ». Les choix organisationnels faits depuis et l’expérience acquise nous ont conduits à privilégier l’organisation des retraités dans une confédération. Cela permet d’assurer le contrat de solidarité intergénérations, ce qui nous semble capital.
La structure spécifique des retraités (comme « association ») est liée d’une part à la législation qui n’autorise pas le syndicalisme retraité en tant que tel, d’autre part au fait que les retraités, d’une manière générale, ne sont plus liés par un contrat de travail à un employeur. Même s’il existe des situations particulières telles que par exemple les retraités des industries électriques et gazières… En conséquence, d’une manière générale, les aspirations et les services que les retraités attendent du syndicalisme sont différents de ceux des salariés.
Et s’il existe bien une constante dans la politique menée tout au long de notre histoire, l’objectif principal recherché par la CFDT dans l’évolution de l’Union Confédérale des Retraités (UCR) est clair : « lui donner, ainsi qu’à ses structures, plus d’efficacité avec l’ambition de multiplier son nombre d’adhérents ».
Des évolutions pour répondre aux attentes des retraités. Avant le congrès de Nantes en 2002, nous faisions le constat que des évolutions étaient nécessaires pour avancer sur les problèmes d’articulation entre les Unions Départementales Interprofessionnelles de Retraités (UDIR), Unions Régionales Interprofessionnelles de Retraités (URIR) et les Union Fédérales de Retraités (UFR), sur les problèmes de disparité dans les taux de cotisation, dans l’information, dans la connaissance des adhérents et militants, etc. En faisant des UTR (Union territoriale des retraités) le lieu de passage obligé de toutes nos cotisations retraités, nous nous sommes donnés les moyens réels d’une meilleure cohésion pour une action de proximité (qui est une nécessité première chez les retraités) en sauvegardant les spécificités professionnelles existantes.
Les retraités ont des besoins spécifiques, pas uniquement en matière de retraite, mais aussi pour leur vie quotidienne : transports, santé, culture, loisirs, logements, services, etc., auxquels il nous faut répondre syndicalement. Les retraités se rencontrent surtout dans les quartiers, les immeubles, la cité, lors de voyages et loisirs…
Retraités actifs, ils ont toujours voulu prendre toute leur place dans la CFDT et les évolutions doivent permettre le développement de notre organisation dans ce milieu.
Avant le congrès de Nantes, l’organisation des retraités reposait sur le professionnel (UFR) et sur la proximité (ULIR, UDIR, URIR). Ces deux types de structures cohabitaient bien souvent, parfois s’ignoraient.
L’évolution actée lors de ce congrès visait à permettre de trouver localement un syndicalisme de proximité en harmonie avec le professionnel, pour répondre à l’ensemble des attentes des retraités. Elle se devait de faciliter les contacts entre section syndicale de retraités (SSR) et UTR, et donc permettre de mieux se connaître et mieux se comprendre.
Vingt années de débats pour l’évolution de 2002. Cette évolution est loin d’être précipitée. Au congrès confédéral de Metz en 1982, il a été décidé de la participation des retraités avec droit de vote dans les congrès confédéraux.
Au début des années 90 il apparaît que le syndicalisme des retraités ne se pose pas seulement en termes de structures, de revendications, mais aussi en termes de stratégie d’action.
Le Bureau national en avril 1994 a un débat ayant pour thème : « Place des retraités dans la société et les conséquences syndicales pour la CFDT ». Quelle action ? Quelle organisation proposer aux retraités CFDT ? Importance de l’interprofessionnel, meilleure intégration des Unions de retraités au sein des structures de l’organisation à tous les niveaux. Ces débats aboutiront à un pas important d’intégration au congrès confédéral de 1995 à Montpellier par l’adoption de la charte financière : la cotisation payée à l’UCR est assimilée à celle que versent les syndicats d’actifs à la confédération et les retraités rentrent dans l’esprit et la logistique de cette charte.
Au congrès de l’UCR de 1997, deux pistes de travail ont été tracées : une piste politique : « construire un syndicalisme de proximité » et une piste financière : « se donner les moyens de notre politique ».
Suite à ce congrès, l’UCR a travaillé dans un premier temps sur le financement, puis sur son évolution politique visant à développer un syndicalisme de proximité, ce qui s’est traduit par l’organisation de nombreuses réunions d’échanges : réunions UFR/UCR ; conseils et bureaux UCR.
Le bureau national confédéral de novembre 1999 donne une nouvelle impulsion dans la prise en charge de l’organisation des retraités afin de construire et agir sur des revendications adaptées à leurs réalités. Il approuve les travaux réalisés par l’UCR en lien avec la confédération. L’UCR adopte ensuite les orientations du bureau national confédéral lors de son congrès de Cherbourg en 2000. Le congrès confédéral de Nantes en 2002 les traduit dans les statuts confédéraux.
La proximité pivot de l’organisation des retraités. Pour ce faire, l’Union Territoriale de Retraités (UTR) est devenue la structure de base. Elle a les mêmes droits et devoirs qu’un syndicat. Elle doit prendre en charge les problèmes des retraités (retraite, santé, tous les problèmes de proximité, de cadre de vie, etc.). L’ensemble de ces problèmes est à confronter avec les salariés dans l’interprofessionnel (UD, URI). Bien entendu, les problèmes des régimes spéciaux et particuliers sont également à confronter avec les salariés de ces régimes au niveau notamment des UFR qui ont toujours, toute leur place dans l’UCR. Et d’ailleurs, pour respecter les particularités de chaque UFR (fonctionnement, financier, etc.), des protocoles d’accord ont été négociés et signés entre chacune des fédérations concernées, l’UCR et la confédération. Celle de la FCE a été précisée lors de son congrès à Clermont-Ferrand en 2008, par l’adoption d’une modification statutaire qui précise : « les retraités des entreprises concernées, conformément aux statuts, règlement intérieur, de la charte financière de la CFDT et de son Union Confédérale des Retraités, sont organisés en sections syndicales Retraités. »
C’est ainsi que le congrès de Nantes a procédé aux modifications statutaires. L’article 5 bis des statuts confédéraux indique : « L’Union confédérale des retraités (UCR-CFDT) regroupe les retraités organisés dans les Unions territoriales de retraités CFDT (UTR). Les règles énoncées aux articles 7, 8 et 9 sur les conditions d’affiliation ou de radiation des syndicats “s’imposent aux Unions territoriales de retraités “. » Leur représentation au congrès confédéral est assurée par les délégués désignés par les UTR.
Au conseil national, le calcul des mandats de l’UCR est identique à celui des fédérations et URI.
Les modifications statutaires approuvées par le congrès de Nantes régissent encore aujourd’hui la place des retraités au sein de notre organisation.