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Produire 20 000 masques par jour, le défi fou de Michelin.

Alors que Michelin rouvre progressivement ses usines, l’équipementier fait face à une pénurie de masques. Pour équiper les opérateurs sur les lignes de production, le fabricant de pneus s’est lancé dans la production massive de masques chirurgicaux.

Alors que Michelin rouvre progressivement ses usines, l’équipementier fait face à une pénurie de masques. Pour équiper les opérateurs sur les lignes de production, le fabricant de pneus s’est lancé dans la production massive de masques chirurgicaux.
Quand les grands groupes français participent à « l’effort de guerre » demandé par le chef de l’État, cela donne parfois des résultats surprenants. Alors que L’Oréal produit du gel dans ses usines et que Louis Vuitton utilise ses machines pour coudre des masques, la reconversion du leader de pneumatiques est on ne peut plus insolite. Le fabricant de pneus s’est pourtant lancé dans la production de masques chirurgicaux dans dix de ses usines en Europe, dont plusieurs sites en France.

L’enjeu est de taille : assurer l’autonomie de l’entreprise en masques pour l’ensemble des salariés et relancer la production dans des conditions optimales.
Clermont-Ferrand, berceau historique du groupe, a naturellement ouvert le bal au début avril, explique Laurent Bador, délégué syndical central CFDT. »Il a fallu écrire les modes opératoires et conditions sanitaires à respecter pour les sites où l’initiative serait déployée, et trouver une centaine de volontaires parmi les salariés dont une grande partie est encore en chômage partiel. »
De son côté, l’entreprise investit dans quelques machines à coudre basiques, du fil et du tissu adapté à cet usage. Les salles de réunion sont reconverties en ateliers de production. Le projet est lancé avec 14 lignes pour le seul site de la Combaude, à Clermont.
Après trois semaines de confinement, Frédéric Langlois (vingt et un ans de maison) fut l’un des premiers à se lancer dans l’aventure. Originaire du site voisin de Cataroux, cet opérateur habitué aux fils de fer reconverti en couturier à temps complet ne regrette pas son choix. « On n’est pas dans une production de masse, mais on assure 100 % de la fabrication du produit.  » Il sait qu’à tout moment, il peut être rappelé dans son atelier d’origine si la production reprend. « Mais, en attendant, c’est une manière de s’occuper tout en se sentant utile. Et puis je retrouve bien là le côté novateur de Michelin, qui a toujours su être là où on ne l’attendait pas. »

Depuis, d’autres sites ont suivi. Et les salariés de Cholet, Joué-lès-Tours, Bourges et Golbey (Vosges) ont rejoint l’aventure.
À terme, l’entreprise doit produire 400 000 masques par semaine pour équiper correctement l’ensemble des opérateurs.
« La production est réservée en priorité aux salariés en chômage partiel. Mais nous avons proposé à l’ensemble des collaborateurs et cadres de venir le week-end à titre bénévole », précise Ludovic Robert, élu CFDT à Cholet. « Sur ces lignes de production d’un nouveau genre, il n’y a plus de statut, de première ou de deuxième ligne. Tout le monde travaille côte à côte. Ce type d’actions, comme il n’en existe que trop rarement, s’inscrit totalement dans nos valeurs. « 

Cette nouvelle activité a-t-elle vocation à perdurer après la crise ? Certains salariés y croient. Michelin aurait en effet acheté deux lignes de production permettant d’assurer 20 000 masques par jour, soit la quantité nécessaire pour équiper quotidiennement l’ensemble des salariés de Michelin.
Demeure une question : sur quel site seront-elles installées ?

Article de Anne-Sophie Balle – Cfdt Magazine juin 2020

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