L’IGBCE, organisation syndicale allemande, a élaboré, sous l’égide de son organisme QFC, un projet européen portant sur « L’employabilité des seniors ». Différents acteurs européens ont participé à ce projet dont, CMKOS pour la République tchèque, Solidarnosc pour la Pologne, FCE-CFDT pour la France et IGBCE pour l’Allemagne. Pour les participants, la question des seniors constitue un véritable enjeu avec toutefois des réalités sensiblement différentes tant au niveau de l’âge moyen de départ à la retraite que dans l’élaboration et la mise en œuvre de dispositifs permettant une meilleure employabilité des seniors. Ce projet d’une durée d’un an a permis la tenue de quatre ateliers, tout d’abord à Lomous en République tchèque, ensuite à Vorclaw en Pologne puis à Paris et pour conclure à Merseburg dans l’Est de Allemagne. Il a permis de faire un état des lieux de la situation des seniors dans chacun des pays et des mesures prises pour favoriser leur emploi dans les entreprises. Au cours de ces ateliers, nous avons pu rencontrer des syndicalistes, des employeurs, des DRH, des responsables de Pôle emploi et des représentants de ministères qui sont venus enrichir la réflexion.
Le dernier atelier en Allemagne qui s’est déroulé du 5 au 7 novembre a débuté par une visite du site industriel de Leuna qui intègre une trentaine d’entreprises de l’industrie chimique dont Total, Shell, BASF et comprend environ 9 000 salariés. Ce site industriel, qui au temps de la RDA comptait 120 000 salariés, a connu des restructurations et des fermetures conséquentes mais a finalement survécu grâce à des investissements importants de grands groupes internationaux. Aujourd’hui, ce site industriel moderne connait des difficultés de recrutement en raison de l’exode des jeunes vers l’Ouest de l’Allemagne. Face à cette réalité, la politique des entreprises à l’égard des seniors a changé.
L’atelier s’est poursuivi par des interventions sur la situation des seniors en Allemagne mettant en exergue une pyramide des âges marquée par un taux de natalité insuffisant depuis plusieurs années. Puis, chacun des pays a présenté une synthèse de la situation des seniors dans son pays. L’Allemagne semble un peu plus en avance dans la prise en compte des seniors avec un meilleur taux d’emploi et des expériences dans certains grands groupes sur l’amélioration des conditions de travail. La France est engagée depuis 2005 dans cette démarche avec plusieurs lois traitant de ce dossier sans pour autant avoir obtenu de résultat jusqu’à ce jour. Les choses risquent de changer suite au décret de mai 2009 qui met en place des pénalités financières pour les entreprises. En Pologne, le taux moyen d’emploi des seniors reste bas à 26 % en dépit de plusieurs dispositions légales. En République tchèque, les syndicats sont confrontés à l’absence de volonté du gouvernement de mettre en place une vraie politique en faveur des seniors.
En conclusion de ce séminaire, l’ensemble des partenaires a souhaité vivement le poursuite de ces réflexions en élargissant la thématique au transfert des connaissances et des compétences, à l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques des entreprises ainsi qu’un travail sur la question de la santé et la sécurité des salariés au travail avec un regard sur la pénibilité et la qualité de vie au travail.
Séjour à Merseburg : visite d’une maison intergénérationnelle
La délégation allemande nous a fait un accueil très chaleureux dans un cadre original. Puisqu’elle nous a reçus dans une « maison intergénérationnelle » animé par Peter, son directeur plein d’énergie, de charisme et de générosité. Cette maison réunit des seniors, des personnes sans emploi mais aussi des enfants autour de multiples activités. Son ambition est d’aider toutes ces personnes à trouver une solution à leurs difficultés tout en leur permettant de développer de nouveaux savoir faire et à se recréer un collectif amical dans une ambiance de solidarité.