Souvenons-nous en 2007-2008, les émeutes de la faim dans plusieurs dizaines de pays, de l’Indonésie au Mexique, en passant par Madagascar et la Côte-d’Ivoire traduisaient une grave crise alimentaire. Sans revenir sur les nombreuses famines d’Europe Occidentale du Moyen Âge ou celle de 1995 (plus de 2 millions de morts) en Corée du Nord, l’accès aux matières premières, en particulier les produits alimentaires, a été et restera toujours vital.
Mais la leçon ne semble pas avoir été retenue puisque de nouveau les prix des matières premières flambent. Depuis septembre 2010, les hausses répétées de l’eau, du riz et du pain provoquent de nouvelles émeutes, violemment réprimées comme au Mozambique. Aujourd’hui, ce sont des révoltes qui naissent dans les pays du pourtour méditerranéen.
La volatilité des prix des matières premières, métaux, pétrole, produits alimentaires,… est donc un sujet central pour l’économie mondiale. Le principe de rareté devient de plus en plus prégnant. Celle des produits alimentaires est essentiellement liée à la rareté des terres disponibles. Elles se réduisent sous l’effet de l’urbanisation, de la désertification ou de la pollution. La production alimentaire est aussi assujettie aux aléas climatiques, comme la sécheresse en Russie et les inondations en Australie, l’an dernier. Le pétrole lui, est très sensible aux instabilités politiques des pays producteurs du Moyen-Orient, comme c’est le cas actuellement. Cette volatilité est aussi liée à la forte demande des pays émergents en matières premières. Enfin, il est manifeste qu’il existe à présent un lien plus étroit entre les fluctuations de prix enregistrés sur différents marchés de produits de base, lesquels sont désormais plus fortement corrélés aux marchés financiers mondiaux.
Ainsi la rareté des différentes ressources est accentuée par le phénomène de spéculation. Celle-ci est fondée sur l’anticipation des déséquilibres futurs de l’offre et de la demande. Hier basée principalement sur le pétrole et les monnaies, elle l’est aujourd’hui sur quasiment tous les produits, y compris alimentaires. Elle pèse sur les prix de 20 à 40%.
Laisser les spéculateurs influer sur les cours du blé, du riz, produits de base pour près de 3 milliards de personnes, est intolérable.
L’explosion des prix des matières premières a plusieurs conséquences qui sont déjà visibles. Elle fragilise la sécurité alimentaire. Elle fragilise le développement économique. Elle fragilise les démocraties.
Réagir vite devient une nécessité pour les peuples car comme l’a exprimé George Bernard Shaw « le plus grand des maux et le pire des crimes, c’est la pauvreté ».