Il y a six mois la CFDT concluait chez Lin Pac, au terme d’un conflit « historique », un accord sur les salaires. Retour à Noyal Pontivy et rencontre avec l’équipe syndicale.
Mag FCE : Isabelle, tu es déléguée syndicale. Peux-tu en quelques mots nous rappeler le contexte de l’arrivée de la CFDT chez Linpac ?
Isabelle Guéhennec : Depuis la création de l’entreprise il y a 30 ans, il n’y avait jamais eu de conflit. Les délégués étaient sans étiquette syndicale et la direction décidait seule des augmentations salariales, comme sur les autres sujets de la vie de l’entreprise. Face à ce constat, des salariés et des élus ont décidé de s’organiser en section syndicale. Nous avons donc sollicité le Syndicat Chimie Energie Bretagne pour nous aider à déposer une liste lors des élections de mai 2010. Résultat : 100% d’audience CFDT et des élus dans tous les collèges, y compris chez les cadres.
Mag FCE : Isabelle, quels sont les points forts de votre action du 19 avril dernier ?
Isabelle Guéhennec : En avril 2011, cela fait quatre mois que la direction tergiverse sur les salaires. Elle essaie de manœuvrer pour mettre la zizanie entre les services. Pour la CFDT, trop c’est trop ! Après avoir consulté les adhérents et les salariés, quelque 200 personnes arrêtent le travail. Le Syndicat Chimie Energie Bretagne, notamment avec Isabelle Noblet, est présent. La presse et la télévision s’installent devant l’usine. C’est un peu la révolution à Noyal Pontivy. Il aura fallu « ce coup d’éclat orange » pour que la direction en vienne à la raison.
Ainsi, grâce à notre action, les ouvriers ont vu les salaires progresser de 3,5% net et les cadres de 1,8%. Il y a eu des augmentations individuelles pour 160 salariés ainsi qu’une revalorisation de la prime de panier (soit 1 % d’augmentation pour un salaire d’opérateur confirmé) et la prise en charge de plus de
30% du prix de la mutuelle.
Mag FCE : Je crois que votre accord comporte aussi des dispositions en matière d’emplois.
Isabelle Guéhennec : En effet, nos revendications portaient aussi sur les conditions de travail puisque les ateliers de Noyal Pontivy assurent, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, la fabrication de films plastiques étirables. Cela n’est pas sans conséquences pour les salariés. Avec l’accord, nous avons conclu l’embauche de 16 salariés et la réalisation de travaux d’amélioration concernant le système de climatisation de l’atelier d’extrusion PVC.
Isabelle Noblet, notre référente du syndicat peut ajouter quelques mots sur le conflit.
Isabelle Noblet : Tout d’abord, le syndicat a rencontré l’équipe afin de préparer au mieux la grève et réussir la mobilisation le jour J (stratégie, Assemblée générale des salariés, distribution de tracts, etc).
Puis le syndicat était présent pendant la grève. On a veillé jour et nuit devant les portes de l’entreprise pour créer le rapport de forces et amener la direction à négocier. Cela s’est terminé par le protocole de fin de conflit qui actait les mesures engrangées tout au long des différentes négociations. Ensuite, le syndicat s’est employé à former les délégués pour valoriser les résultats obtenus pour les salariés et dispenser quelques « recettes » d’organi-sation à la jeune équipe CFDT. Une organi-sation d’autant plus nécessaire, que la direction ne semble pas avoir digéré l’accord qu’elle a signé, ni la représentativité de la CFDT.
Mag FCE : Quelles sont les suites pour l’avenir ?
Isabelle Noblet : J’ajouterai que la section, avec le soutien du syndicat, va lancer prochainement auprès des salariés une enquête à l’aide du questionnaire « enquête flash ». C’est une démarche qui va permettre de recueillir l’avis des salariés sur leurs conditions de travail. Nous souhaitons mesurer de manière plus approfondie les attentes des salariés et y répondre au mieux.
Enfin, il faut noter que les bons résultats obtenus par l’équipe se sont traduits par des nouveaux adhérents, et cela, même jusque dans les entreprises de la région où des salariés se sont sentis « dopés » par la CFDT orange de Noyal Pontivy !