Le numérique, tout le monde en parle. Est-ce une opportunité ou une menace potentielle ? Est-ce la panacée pour le secteur santé ? En tout cas, le domaine de la santé tisse des liens de plus en plus étroits avec le numérique, soit via l’exploitation des bases de données numériques, soit via des applications à destination des malades ou des médecins.
L’ère des collectes massives des données numériques suscite à la fois l’enthousiasme et l’inquiétude. En effet, leur exploitation et leur analyse croisée pourraient accélérer la recherche pour mieux comprendre certaines maladies et potentiellement déboucher sur des médicaments pour les combattre.
Cependant, la sécurisation, la protection des données personnelles sont cruciales tant la cybercriminalité constitue un fléau dont le secteur santé est la première victime. Cela n’a pas empêché des grands groupes pharmaceutiques de s’allier aux poids lourds de l’Internet pour développer des applications qui pourraient faciliter le suivi des malades et optimiser les soins. Ces mariages ne se font pas uniquement pour les progrès scientifiques, technologiques ou seulement pour faciliter la vie des malades. Ils sont avant tout une nouvelle source de profits pour des géants pharmaceutiques, en leur permettant de continuer à gagner de l’argent sur des molécules dont le brevet tombe et en assurant à leurs partenaires spécialistes du numérique et des objets connectés une nouvelle manne financière. Jusqu’où le mariage financier peut nous mener ? Cela dépend de l’équilibre qui s’installe et de l’objectif souhaité. Si la recherche des profits est l’unique objectif de l’alliance, nous aurons fort à craindre le basculement inévitable vers l’appauvrissement de la recherche et du développement de nouvelles molécules. Cela pourra conduire à une rupture thérapeutique. Les questions que nous devons nous poser sont : les groupes pharmaceutiques peuvent-ils passer à côté du numérique ? Les malades ont-ils besoin des nouvelles molécules qui soignent ou d’applications qui facilitent une meilleure prise des médicaments ? La stratégie de l’alliance « santé et numérique » est sans doute essentielle, mais le choix des groupes pharmaceutiques de placer le curseur entre rechercher de nouvelles molécules et prolonger la vie de celles déjà existantes grâce aux objets connectés sera capital.