Démarrer l’année 2004 par une grève de quatre jours, il fallait oser ! C’est pourtant ce qu’ont fait, près de Caen sur le territoire du syndicat Basse-Normandie, les salariés de l’usine Schering-Plough. La direction de son côté avait fait fort. Lors de la première réunion de négociation annuelle en décembre dernier, elle avait proposé le blocage des salaires suite à une décision de la direction américaine pour faire face aux difficultés de la maison mère (chiffre d’affaires en baisse de 50 % aux USA).
Pour les salariés, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Déjà fortement mécontents de l’organisation du travail, ils répondent à l’appel de la CFDT, majoritaire, et de la CGT pour un arrêt de travail le 5 janvier, à la veille de la deuxième réunion de négociation. Après quatre jours de grève, un accord est trouvé.
Pour les salaires, en plus d’avancées obtenues sur quelques rémunérations annexes, l’augmentation est de 33 e, pour tous jusqu’au premier niveau cadre, répartie de façon individuelle pour les autres cadres. Pour les classifications, la direction, abandonnant une position de blocage, accepte de revoir certaines disparités actuelles.
Pour l’organisation du travail, la direction, qui depuis longtemps ne prenait pas au sérieux les problèmes posés lors des réunions, accepte la mise en place de groupes de travail par service ou secteur (3 personnes de terrain et 2 responsables).
Ces groupes de travail devront identifier les dysfonctionnements, élaborer des propositions de solutions et établir un plan d’action. Ils pourront se faire aider, d’un commun accord, par des personnes ayant des compétences exigées. Un comité d’établissement extraordinaire, élargi à un représentant des salariés de chaque groupe, se tiendra à la fin du premier semestre 2004. Les conclusions des groupes y seront présentées et les aménagements transversaux à réaliser seront identifiés.
Si de tels résultats ont été obtenus, c’est que les militants ont su saisir l’opportunité et impliquer les salariés dans l’action syndicale. Dans le trimestre précédant la grève, et depuis la grève, les adhésions arrivent en nombre comme jamais. Bonne pratique syndicale et persévérance finissent par payer.