Le 21 octobre, en plein conflit sur les retraites, Pétroplus a annoncé son intention de mettre un terme aux activités de raffinage à Reichstett. Face à ce projet, l’équipe CFDT majoritaire avec les autres organisations syndicales ont présenté un projet alternatif pour maintenir l’activité lors du Comité européen du 9 novembre 2010.
Il faut se souvenir, que la raffinerie de Reichstett appartenait à l’origine à Shell. En 2007, Shell se recentre sur l’exploration/production, et se désengage en grande partie du raffinage, dont la rentabilité est moindre. Shell se limite alors à quelques très grosses raffineries dans le monde. C’est ainsi qu’en avril 2008, Pétroplus acquiert deux raffineries de Shell ; Petit Couronne en Normandie et Reichstett en Alsace.
La chute des prix du brut à 60 $ le baril, alors qu’il avait atteint 147 $ dans l’été 2008 a changé la donne économique du secteur pétrolier. Les marges du raffinage se sont dégradées dans le même temps. L’année 2009 a particulièrement été difficile pour le raffinage qui a vu Total décidé d’arrêter son activité à Flandres. Pétrolplus, qui ne dispose ni d’exploration production, ni de réseau de stations services, se trouve fragilisé dans sa stratégie. Le 1er avril 2010, la direction annonce donc la mise en vente de la raffinerie de Reichstett. Les salariés prennent un premier coup de semonce. Cette mise en vente est d’autant plus incompréhensible pour la CFDT et les salariés que Pétroplus a effectué les investissements programmés dès son acquisition. Selon Petroplus, la raffinerie ne serait pas rentable, ou moins rentable que d’autres choix possibles. En fait, cette vente entrerait dans le cadre d’un rééquilibrage financier du groupe Petroplus qui a des vues sur la raffinerie de Lindsey de Total en Grande-Bretagne.
Pour la CFDT, si le besoin urgent de trésorerie de Petroplus est la cause du projet d’arrêt de la raffinerie, des recours auprès de banques d’affaires sont possibles. Mais en fait, cette mise en vente n’était qu’un leurre puisque le 21 octobre, ce n’est pas un repreneur qui est annoncé, mais l’arrêt de la raffinerie. Le coup de semonce se transforme en coup de massue. C’est pas moins de 253 emplois qui seraient supprimés, sans compter la sous-traitance et les emplois induits.
Cette menace de fermeture, l’équipe CFDT l’a déjà connu une dizaine d’année auparavant. C’est donc très rapidement qu’elle s’est mobilisée pour construire un projet alternatif durable.
Ce projet alternatif est fondé sur le maintien de l’activité avec quelques investissements qui amélioreraient sensiblement la rentabilité du site. Il propose également que le site soit articulé avec le dépôt Rubis, ce qui éviterait le passage d’un grand nombre de camions dans l’agglomération strasbourgeoise (nombre de camions qui augmenterait très sensiblement si la raffinerie devait fermer). Par ailleurs, l’équipe CFDT et l’ensemble des représentants du personnel considèrent que Pétroplus est passé trop rapidement de la vente à la fermeture du site. En effet, Petroplus a cherché un acheteur sur une période très courte dans une situation de crise économique et secteur fragilisé. De plus, la banque d’affaire en charge du dossier a officialisé la mise en vente début Juin. Dans ce contexte, la prudence, voire l’attentisme des acheteurs potentiels n’est pas surprenant. Aussi, l’équipe CFDT ne ferme pas la porte à une vente de la raffinerie. Pour cela, elle demande du temps car dans ce type d’industrie, il est courant qu’un délai de plusieurs années soit nécessaire avant de trouver un acheteur. Petroplus devrait se donner encore la période 2010-2013 pour trouver un acheteur.
Face à la détermination de la CFDT et des salariés, la direction de Pétroplus a mis en place un groupe de travail pour analyser le projet alternatif des élus, tout en poursuivant la consultation des instances sur son projet. Cette détermination est sans faille puisque les élus ont obtenu l’appui de l’Agence de Développement économique du Bas-Rhin et des politiques régionaux. La CFDT majoritaire agit avec les autres organisations syndicales, mais ne s’interdit pas d’agir seule. C’est ainsi qu’avec la Fédération, une délégation a été reçue par la direction générale de l’Energie qui dépend du nouveau ministère de l’Industrie. Cela a été l’occasion de présenter le projet alternatif, mais aussi de rappeler qu’une concertation était engagée depuis le 15 avril 2010 sur l’avenir du raffinage avec toutes les parties (ministères, chambre patronale, directions d’entreprise et organisation syndicales). L’avenir des salariés de Reichstett est lié à l’évolution du raffinage et à l’indépendance énergétique nationale et de la région alsacienne.