La négociation salaire de la branche pétrole avec l’Union fédérale des industries pétrolières (Ufip) a permis d’aboutir à un accord réévaluant les minima pour 2002. L’objectif principal de la FCE-CFDT était la progression des bas salaires afin qu’aucun salarié ne soit payé en dessous du Smic.
Le débat sur les salaires minima ne peut être isolé du dossier global de la rémunération. Sans entrer dans le détail, il faut bien noter qu’ils ne représentent qu’une partie de l’iceberg. Ils font partie de la partie négociée collectivement à laquelle il faut ajouter les dispositions éventuelles concernant les augmentations générales, le treizième mois, l’intéressement, la participation ou les primes de quart et d’ancienneté. Sans oublier qu’une part importante des revenus est également assurée par les promotions, les augmentations individuelles et, pour certains, par les stocks options. Sur ces aspects, le contrôle de l’application de règles collectives assurant l’équité entre les salariés va du flou à l’opaque. Si les classifications sont bien décrites dans la convention collective, l’attribution de promotion relève plutôt de l’arbitraire patronal.
Le pied de la grille des salaires au-dessus du Smic
Les autres mesures sont totalement incontrôlées avec, très souvent, un refus syndical d’y porter le moindre regard. Une enquête nationale de 1998 montre que sur les salariés ayant bénéficié d’une augmentation de salaire, 30 % n’ont obtenu que des augmentations générales, 20 % uniquement des augmentations individuelles, et 50 % un mixte des deux. 70 % des salariés concernés ont donc eu en tout ou partie une augmentation individuelle, cela ne peut laisser indifférent. Le débat ouvert sur la reconnaissance professionnelle, sa mesure et les conséquences sur le salaire et l’évolution de carrière devra rapidement déboucher si l’on veut réellement défendre l’équité entre les salariés. La branche a décidé d’approfondir cette question. Formaliser des revendications salaires en cohésion avec celles portées sur l’évolution de carrière, la réduction des nuisances du travail, notamment de nuit, constitue un objectif à atteindre.
Pour replacer le pied de la grille des salaires au-dessus du Smic, plusieurs solutions sont envisageables. Augmenter les salaires de 10,2 % serait une possibilité, ou bien augmenter davantage le bas de grille plutôt que le haut par la formule binôme de calcul de la grille. Ce serait possible, mais la chambre patronale y est hostile. Elle propose en revanche de supprimer les coefficients sous le Smic. Entre ces deux dernières solutions, le débat est ouvert.
Poursuivre la réflexion
Le maintien de tous les coefficients marque une volonté de conserver dans la convention collective des emplois pour les salariés peu qualifiés. A contrario, leur suppression pourrait répondre à une réalité des entreprises du pétrole sur la technicité et favoriser le développement de la formation. La poursuite de la réflexion devra déterminer une orientation pour les prochaines négociations.
La prime d’ancienneté dans la branche est calculée sur le salaire minimum du coefficient et elle s’applique de 3 à 18 ans à raison de 1 % par an. Faut-il en demander son extension ? S’il est absolument essentiel de la conserver, vu son poids dans la part de la rémunération conventionnelle, il faut aussi agir pour assurer l’évolution de carrière des salariés appelés à consacrer 40 ans de leur vie au travail. C’est essentiel pour le maintien d’une bonne santé morale et sociale. Les efforts que privilégiera la branche porteront sur la formation, la reconnaissance des acquis professionnels et extra-professionnels dans une gestion équitable des compétences et des carrières.
La prime de quart pour les postés 3×8 représente 18 % du salaire minimum du coefficient. Elle est donc hiérarchisée. La pénibilité, elle, ne l’est pas. Tout salarié, quelle que soit sa fonction, subit la même nuisance. Le système actuel est donc parfaitement inéquitable puisque cette prime n’est pas égale pour tous. La prime de quart, comme la prime de travaux sales ou d’insalubrité ont été accordées aux salariés à titre de compensation sans que ne soit résolu ce qui constitue pour la CFDT un problème de fond : comment réduire la nuisance au travail. Si la prime de quart pour un posté actuel dont la santé, déjà altérée, ne peut être remise en cause, il faut s’interroger sur les revendications syndicales à porter : augmenter la prime en l’alignant sur le coefficient le plus élevé des postés (340) ou assurer aux générations futures de meilleures conditions de travail ? La loi du 9 mai 2001 sur l’égalité hommes/femmes considère la santé des travailleurs de nuit comme une priorité à traiter. C’est donc une occasion à saisir pour agir concrètement et proposer des améliorations conventionnelles.
Repenser le travail
L’accès à tous les postes de travail inconditionnellement aux hommes et aux femmes est une véritable opportunité pour l’amélioration des conditions et organisation du travail. Cela ne doit plus être un obstacle à la vie personnelle et aux relations sociales. Repenser le travail, c’est améliorer la vie au travail. Ce sera le fil conducteur des propositions de la FCE-CFDT pour dynamiser durablement la grille des minima conventionnels de l’industrie pétrolière.