Aujourd’hui, 99 pays ont aboli la peine de mort en droit pour tous les crimes. Il reste encore 58 pays qui pratiquent ce châtiment, les autres l’ayant supprimé dans les faits. Il y a 35 ans, seuls 16 pays avaient banni cette pratique, c’est donc une tendance globale mondiale même si elle est hétérogène en fonction des continents.
Le débat est encore très sensible et les non abolitionnistes surfent chaque fois que c’est possible sur l’émotion collective pour en prôner la réhabilitation. Si leurs arguments peuvent malheureusement faire écho au saisissement ressenti face aux crimes odieux, il est impensable de céder à la tentation de faire justice en ôtant la vie. De plus, le risque d’exécuter un innocent est toujours réel. De nombreux cas, par exemple aux Etats-Unis, sont là pour le prouver.
Les actes de terrorisme récents posent la question d’un possible effet dissuasif d’une telle peine. La réalité démontre que les objectifs poursuivis par ces criminels passent bien au-dessus de la peur de mourir. Par ailleurs, il est probable que condamner les terroristes à la peine capitale contribuerait à leur martyrisation et aurait pour effet de rallier plus de monde à leur cause. Au-delà même du terrorisme, comment la peine de mort pourrait-elle être dissuasive pour des actes criminels relevant de la folie ? La peine de mort n’a pas d’effet plus dissuasif que d’autres peines, et cela se vérifie dans les pays qui l’ont abolie et dont le taux de grande criminalité n’a pas augmenté.
Sa ré-institution par référendum pour des cas précis est revendiquée par certains partis. Selon nous, c’est totalement inenvisageable, et la Déclaration universelle des droits de l’Homme en est garante, reconnaissant à chacun le droit à la vie. «Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.» La peine de mort viole ces droits humains fondamentaux.
Electrocution, empoisonnement au gaz, fusillade, pendaison avec ou sans chute, injection létale, décapitation, crucifiement, lapidation sont les méthodes effroyables qui tuent des milliers de personnes chaque année dans le monde. Les bourreaux ne manquent pas d’imagination.
A la France de militer en faveur de l’abolition de la peine de mort y compris auprès des nations les plus proches d’elle. La peine de mort est inutile, inefficace et irrévocable. En 1981, Robert Badinter clamait :
« la justice française ne peut plus être une justice qui tue ». La vocation du droit est bien d’assurer une justice et non d’assouvir une vengeance.
