Gaz de France annonce l’ouverture de son capital malgré des résultats exceptionnels autorisant un développement de l’entreprise.
Le président de Gaz de France vient d’annoncer simultanément l’ouverture du capital de l’entreprise et d’excellents résultats 2004. Aucun lien apparent entre ces deux annonces si ce n’est de s’interroger sur l’opportunité de faire entrer de nouveaux actionnaires au capital d’une société qui, a priori, se porte bien.
Trois arguments sont avancés pour cette privatisation rampante : nécessité de conquérir des parts de marché à l’étranger au travers d’opérateurs historiques, nécessité de se diversifier vers l’amont pour maîtriser une partie des achats, nécessité de prendre des parts de marché dans les services pour assurer des ventes de gaz et d’électricité. Cette stratégie a un coût et les moyens de Gaz de France sont limités.Ils ne lui permettraient pas de rester un énergéticien majeur dans le paysage européen.
Pour la direction et le gouvernement, nécessité fait donc loi de privatisation.
Pour la FCE-CFDT, ces arguments sont en partie recevables.
Mais la réponse apportée est erronée.
Aujourd’hui, Gaz de France conquiert des parts de marché à l’étranger sans de lourds investissements financiers. Gaz de France se diversifie vers l’amont. Certes modestement, mais les contrats « long terme » sont des garanties de maîtrise des approvisionnements, et des partenariats renforcés avec certains producteurs sont encore possibles. Gaz de France se développe dans les services et la production d’électricité.Là aussi, des coopérations sont possibles avec des acteurs implantés à l’étranger. Cette stratégie, moins gourmande en capital que celle de la direction, est compatible avec la santé financière actuelle de Gaz de France, sans ouvrir les vannes
du capital.
En revanche, si le gouvernement continue à ponctionner l’entreprise (plus de 1,7 milliard sur ces dernières années), elle n’aura plus les moyens de ses ambitions, et l’ouverture du capital sera incontournable. Le dogme libéral semble bien être le moteur de l’action gouvernementale. Il n’est pas du tout évident que cette ouverture vienne soutenir le développement de l’entreprise. Elle comblerait plutôt le déficit budgétaire et permettrait de nouvelles baisses d’impôt pour certains.